Le 1er septembre 1981 à 18 heures précises, dans une cave de Montmartre, à Paris, la toute première émission de Radio libertaire se faisait entendre en Ile-de-France.
Parmi les copains alors présents à cet instant, aucun bien sûr navait prévu quune formidable aventure commençait et quune riche et belle page de liberté s'écrirait.
Dans le combat incessant des premiers temps, contre un pouvoir tout de menaces et de mépris, de coups bas et de saisies, comme plus tard lorsque la situation se fut assagie, jamais sans doute hommage ne fut rendu à sa juste valeur à ce permanent acteur sans lequel notre station eût depuis longtemps sombré dans loubli : son auditoire.
Samedi 21 mars, de 14 à 22 heures, sous limpulsion de sa dynamique secrétaire à la programmation, Radio libertaire lui avait donné rendez-vous. Seize ans, six mois et vingt et un jour après le coup denvoi, il était encore là, nombreux, chaleureux, visiblement heureux de partager avec nous ce délicieux moment.
Comme beaucoup dautres, Jean et moi, animateurs des émissions " à rebrousse-poil " et " La mémoire sociale ", étions présents. Auditrices et auditeurs sont venus vers nous, voix connues sur visages inconnus. " Cest toi Jean ? " " Cest toi Floréal ? " Puis le sourire aux lèvres et la main qui se tend. Et puis le mot gentil, le mot simple, émouvant.
Oui, je sais, il y a plus important que ces propos gnangnans : la lutte des classes, la misère du monde sur nos épaules, lexploitation, le profit, et cette actualité régionale qui appelle le vomi.
Oui, je sais, mais de temps en temps on peut tout de même évoquer les amis pour leur dire merci.