En région parisienne, dans le cadre dinitiatives de luttes pour la régularisation des sans-papiers, le collectif des sans-papiers de lEssonne occupe la cathédrale dEvry depuis le samedi 7 mars.
Une pièce au deuxième étage du bâtiment attenant à la cathédrale (le fameux musée dart sacré qui permit en son temps à la gauche au pouvoir de financer sur fond public la construction de la cathédrale) a été mise à sa disposition pour dormir.
Le diocèse dEvry, accordant sa " protection " aux sans-papiers, nen a pas moins mis en place une instance de médiation qui contribuera à régler les problèmes liés à cette occupation. L'évêché a déclaré : " L'église catholique a une mission daccueil envers les plus démunis. Cela ne signifie pas que nous partageons toutes les revendications des personnes qui occupent la cathédrale ".
Conséquence de cette occupation, le préfet de lEssonne, sous la pression du collectif, a accepté de recevoir une délégation de onze personnes, composée de délégués des sans-papiers, de représentants de la coordination nationale des sans-papiers et de représentants dassociations du département.
Il sagissait de la deuxième rencontre entre le préfet et les sans-papiers de lEssonne depuis la circulaire du 24 juin 1997 du ministère de lIntérieur. La revendication de ces derniers étant une demande faite au préfet de revenir sur sa décision de ne pas les régulariser. La préfecture avait rejeté leur demande de régularisation qui avait pourtant été faite dans les délais ; à savoir avant novembre 1997 comme les y invitait la circulaire.
Il faut savoir que la procédure de régularisation annoncée à grands renforts de médias a suscité un espoir réel parmi les sans-papiers, qui se sont précipités aux guichets de ladministration, donnant aux autorités leur adresse et leur lieu de travail. Ne soyons pas dupes, cette méthode semble relever davantage dune opération de fichage et de flicage dune population marginalisée que dune réelle volonté de vaste régularisation de gens aux abois.
Selon les sans-papiers, dans lEssonne, cest une interprétation des plus étroites qui est faite des critères déjà trop sélectifs de la circulaire Chevènement.
Extrait du compte rendu du collectif : " La rencontre a porté sur le traitement particulièrement sévère des dossiers des célibataires et des déboutés du droit dasile en préfecture, lapplication très restrictive de la circulaire du 24 juin 1997, le non respect des indications de la circulaire quant à sa procédure dapplication. Le préfet a réaffirmé quil entendait avoir une application stricte de la circulaire. Des arguments clairs lui ont été opposés quant aux obstructions de ses services concernant autant les déboutés que les célibataires. Le préfet, retranché derrière sa fonction, a refusé de considérer limpasse dans laquelle se trouvent les sans-papiers qui occupent la cathédrale, en se retranchant derrière le ministère de lIntérieur. Il a fermé toute possibilité dexamen global des situations, exigeant une liste de cas particuliers. Les sans-papiers ont refusé dentrer dans une logique du cas par cas, remettant en question la méthode et les conditions de traitement des dossiers. "
Dans le cadre du 30 avril, date butoir de lapplication du texte ministériel, la préfecture joue donc le pourrissement de la situation, tablant sur lisolement et la peur des sans-papiers ainsi que sur un essoufflement des luttes et de la solidarité à leur égard.
Cependant, la détermination des sans-papiers reste entière ; la poursuite de la lutte pour leurs droits par tous les moyens sintensifiant même dans la mesure où ils nont plus rien à perdre. Sur 150 000 personnes qui ont déposé un dossier pour obtenir leur régularisation, seule la moitié éventuellement recevra une carte temporaire dun an sans garantie de renouvellement, au 30 avril 1998, renforçant par là même la précarité des étrangers et confinant ces derniers dans un rôle de boucs émissaires.
La loi Chevènement, reprenant et aggravant la logique policière des lois Pasqua-Debré, a comme volonté manifeste disoler les sans-papiers, de poursuivre tout acte de solidarité et de rassurer la propagateurs des thèses xénophobes.
Les revendications des sans-papiers de lEssonne ont actuellement pour base :
Une manifestation de soutien, à lappel du Collectif des sans-papiers, a eu lieu le 20 mars à Evry. Dans le cortège, un slogan attira particulièrement lattention : " Français-immigrés, solidarité ".
Comme quoi le combat des sans-papiers est à replacer dans un contexte plus large de lutte contre les frontières entretenant lillusion de pays repliés sur eux-mêmes. Nous avons toute notre place à prendre dans le soutien à cette lutte. " Notre pays : la Terre ".