Encore timide, la célébration du trentenaire des fameux " événements " devrait bientôt battre son plein.
L'Histoire demeurant résolument hostile aux sans-grade, aux anonymes, nous qui étions alors déjà sur le devant de la scène, cheffaillon de groupuscules sectaires, théoriciens délirants dun avenir rouge et barbelé, nous allons partout parader, grands témoins de ce temps-là, cur vide et pensée bedonnante, pour cracher sur ce que furent les vingt ans dune jeunesse en révolte.
Avant de retrouver nos mangeoires de luxe copieusement garnies, nous voudrions ici rendre un bref hommage au mouvement libertaire, et plus spécialement à lun de ses représentants les plus lucides, Maurice Joyeux, qui, très peu de temps après cette fête somptueuse de la liberté, avait compris que ls " motivations profondes " des personnages de notre acabit " sont généralement brèves, juste le temps dune fugue avant de regagner le bercail pour penser aux choses sérieuses ". Prévoyant alors que " les partis de gauche après maintes palinodies, récupèreront une fraction non négligeable de ces jeunes égarés vers un socialisme utopique vomi par tous les gens sérieux ", il en venait directement à notre avenir en écrivant : " Certians dentre eux seront promus à un destin enviable, à la direction dorganisations se réclamant du socialisme, où les anciens se seront tassés et auront fait un brin de toilette pour les accueillir ", ajoutant, pour ceux dentre nous qui nont pas tout à fait suivi ce chemin, que " ce vieux parti (le P.S.) est tout de même lasile le plus sûr lorsque, pour le gauchiste, l'heure est venue de sassurer une honorable retraite dans un ministère, dans un journal, dans une administration "
Quelle clairvoyance !