L’immigré

Lorsque j’entends parler, autour de moi, des immigrés, il m’arrive parfois de rester perplexe sur le devenir de la classe ouvrière ou pour mieux dire maintenant des employés et des salariés. Après s'être laissée endormir, bernée par le Capital et son bras droit qu’est le patronat, elle s’aperçoit que ses desiderata ne sont plus en phase avec ce que lui proposent ses patrons. De là, un sentiment de frustration qui se répercute sur le bouc émissaire aisé à trouver. L’immigré. Cet envahisseur, ce personnage socialement inadapté et inadaptable, celui qui nous dépouille de notre sacro-saint travail et par là même de nos richesses.

En essayant de comprendre ce sentiment, je me suis aperçu qu’il n’y a pas si longtemps le beau pays de France avait été heureux d’accueillir puis de recruter et exploiter cet être suspect.

Remontons quelques années en arrière. Entre 1939 et 1945, des bataillons de soldats étrangers sont entrés sur le territoire national pour combattre le fascisme et libérer le peuple français de ce joug. Pour exemple :

S’est-on demandé, à l'époque, si ces individus avaient leur carte de séjour ?

Afin d'éviter d'être débordé, est créé en 1945 l’O.N.I. (Office national de l’immigration) qui a pour tâche de recenser les entrées et sorties des travailleurs immigrés.

Durant les " Trente glorieuses ", les grandes entreprises recrutent de la main-d'œuvre principalement nord-africaine. Cette main-d'œuvre pas ou peu qualifiée a un coût moindre et réjouit les patrons. Il suffit d'écouter M. Bouygues : " Ils viennent pour travailler et coûtent 25 % à 30 % de moins qu’un ouvrier français. Qualité qui a toute ma sympathie. "

Les nationaux n’acceptent pas les conditions de travail, les rémunérations et dès qu’ils en ont la possibilité fuient vers des travaux moins pénibles. Étant au bas de la grille hiérarchique, les immigrés ont permis aux nationaux d’atteindre des emplois de qualification plus élevée.

Après 1970, c’est la récession, la " crise ". Ce ralentissement économique a deux conséquences :

Le phénomène " immigré " a été savamment exploité par Le Pen. Son discours démagogique, repris plus ou moins par l’ensemble de la classe politique avec les actes attestant la véracité de ses propos (entre autres les charters) a su berner un grand nombre de nos concitoyens et les détourner de la vraie cause de nos malheurs : le capitalisme avec son cortège de flexibilité, de précarité, de compétitivité.

Pour finir, quelques points qui me semblent importants :

René - groupe Henry Poulaille