Notre belle et fière nation célèbre cette année le 150e anniversaire de laboilition de lesclavage, décrétée le 27 avril 1848, les manifestations officielles commenceront le 25 avril à lAssemblée nationale pour sachever le 20 décembre à la Réunion
Mais apparemment, il ny aura pas un très fort battage médiatique autour de cet événement. La classe dirigeante de ce pays, bien que souvent prompte à nous rappeler que nous vivons, tels des bienheureux, dans le pays de la démocratie, bref dans le meilleur des mondes possible, semble cette fois-ci décidée à rester discrète sur laffaire. Labolition de lesclavage risque de moins faire parler de lui que lavènement du premier capétien ou le fameux baptême de Clovis On peut se demander quelles sont les raisons de ce " profil bas ".
Certains politologues avancés supposent que les premiers ministres Juppé puis Jospin furent, tour à tour, trop préoccupés par les manuvres politiques du moment (dissolution de lAssemblée, élections régionales et cantonales) pour vraiment avoir lesprit à une date anniversaire. Lexplication semble un peu courte.
Une autre hypoyhèse, plus plausible, serait de dire que la célébration de labolition de lesclavage, dans la situation économique et sociale que nous connaissons, peut revêtir laspect dune provocation ou, au moins, paraître quelque peu indécente.
Nous le savons, lesclavagisme eu pour principe daliéner les individus en tant quobjet, de les ravaler au rang de simples outils au service de maîtres. Justifié par le mythe de linégalité fondamentale des hommes et des races, lesclavagisme allait aussi être la condition essentielle de la naissance du capitalisme. Dans ce dernier système, la soumission directe des corps est remplacée par lexploitation, avec lappropriation des machines, des biens de production et, de manière concommitante, la généralisation dun nouveau type de rapport de subordination : le salariat (reposant sur la base dun prétendu " contrat ", toujours inégal!).
Lesclave est devenu le travailleur, citoyen de la République. Entre les deux statuts, il y a bien sûr une différence de nature, mais qui ne change rien au fait quaucune liberté réelle nexiste pour les millions de prolétaires obligés, par définition, de se vendre aux capitalistes tout puissants.
Alors, face à tous ceux qui pensent que la notion de lutte de classe est obsolète, que le terme de prolétaire fait partie dune (dangeureuse) langue de bois, contre tous ceux qui croient encore nécessaire de gérer ce système de profit totalement injustifiable, les anarchistes peuvent profiter de loccasion pour rappeler avec force que seule une effective égalité entre les individus peut garantir une éradication définitive de lesclavage, sous toutes ses formes.