Qui sait même si ça ne me prendra pas sur le tard d'écrire mes mémoires ? bien que, je nen ai pas, et je trouve ça lassant de parler de soi
Curieux aveu de Christiane Rochefort dans Ma vie revue et corrigée par lauteur, livre censé raconter sa vie et qui ne la raconte pas ! Elle vient de nous quitter, Christiane Rochefort, ce 24 avril, et lon s'étonne dapprendre son âge : quatre vingt ans déjà !
Née le 17 juillet 1917, cest avec son roman Le repos du guerrier quelle entre en littérature, en 1958. Le livre est refusé pour le prix Fémina, " Le couronner dixit la présidente du jury de l'époque c'était répandre le vice au sein des familles ". Oh oui ! Et ce n'était pas tout ! Car cette voix singulière ne sarrêtera pas là. Ses livres (une quinzaine au total) seront autant de petites bombes contre la bourgeoisie, le mariage, lennui dune vie vaine. Avec ses dialogues ciselés plus quavec de long discours, elle a su parler des femmes ; celles qui sinsoumettent, et celles qui disent " Je ne serai jamais comme les autres " avant que lamour, souvent, ou les enfants, ne les poussent à rentrer petit à petit dans le rang. Et la petite musique des mots se fait plus grinçante, plus cynique. Féministe bien avant Mai 68, et antinataliste, Christiane Rochefort ne mâchait pas ses mots. " Elle ne faisait que des garçons, et elle en était fière. Elle fournirait au moins un peloton dexécution à la patrie pour son compte.[ ] Jespérais quil y aurait une guerre en temps voulu pour utiliser tout ce matériel, qui autrement ne servait pas à grand chose, car ils étaient tous cons comme des balais. " écrit-elle dans " Les petits enfants du siècle ", en 1961. Mais elle a pour les mômes une certaine tendresse, lorsquils se révoltent, désertent leurs écoles pour aller voir la mer, par exemple, comme dans Encore heureux quon va vers l'été. En 1972, elle écrit un très beau et surprenant livre fantastique Archaos ou le jardin étincelant ; on peut se demander quel champignon elle avait trouvé, dans son jardin, pour tant de délires ! Mais cette femme quon imaginait chaleureuse et généreuse, cachait bien des fractures secrètes, peut-être touchées du doigt qui sait , en 1988 dans La porte du fond (sur le drame de linceste). Elle disait volontiers : " La biographie dun écrivain est dans ses livres "