Ne pas avoir les " bons " papiers en poche nest pas un crime. Refuser, enfermer arbitrairement et expulser par la force des êtres humains, hommes, femmes et enfants parce quils nen ont pas : oui.
Voilà pourquoi, ce vendredi 8 mai à 4 heures du matin, plusieurs dizaines de citoyens " conscients et responsables " comme ils se définissent eux-mêmes, soutenus de lextérieur par des centaines dautres, ont pénétré illégalement et se sont enfermés dans les futurs bâtiments de lOffice des étrangers qui entreront prochainement " en service " ici, à Vottem. Juste retour des choses pour ce quil est, très officiellement convenu dappeler " centre fermé pour illégaux ".
Dès sept heures, un point presse sest tenu devant le centre. Les occupants revendiquaient :
Par cette occupation symbolique et non-violente, les nouveaux résidents veulent marquer leur solidarité avec tous leurs frères humains auxquels le système politique et économique dénie le droit de vivre dignement. Ils veulent aussi réaffirmer leur refus inconditionnel et non négociable dune répression discriminatoire, dégradante et inhumaine qui expulse des milliers (le ministre de lIntérieur a annoncé le chiffre de 15 000 expulsions par an!) d'êtres humains dont le seul crime est de ne pas avoir de papiers " en règle " et d'être, pour les États qui les accueillent, aussi indésirables quinutiles. Camp qui ne veut pas avouer son nom, cette résidence tout confort, conviviale et qui veille à " l'épanouissement personnel " dixit le futur directeur de ses occupants malgré eux, représente tant par les méthodes employées (enfermement, cachots, camisole de force, menottes, rapatriements brutaux ) que par les principes quil sous-tend, une atteinte inacceptable et intolérable à la dignité humaine et aux droits fondamentaux et imprescriptibles de chaque être humain, indépendamment de sa couleur, de son origine, de sa nationalité ou de tout autre forme de différence.
Les occupants ont réussi à rester barricadés à lintérieur dun des couloirs centraux du centre pendant 12 heures. Ils ont respecté leur engagement de non-violence et de non-destruction des bâtiments. Ils ont demandé une discussion directe avec le ministre de lIntérieur. Ils nont reçu aucune réponse à cette demande. à 16 heures, les forces de police ont pénétré dans le couloir et forcé la barricade. Les occupants se sont alors enfermés et enchaînés dans une salle, doù ils ont aussi été délogés puis embarqués au poste de gendarmerie le plus proche.
Une tension et une bousculade entre les manifestants extérieurs et les forces de police a suivi lembarquement des occupants. Les manifestants ont tous été contrôlés : papiers didentité, photos individuelles, certains ont eu les mains entravées et dautres ont aussi été emmenés par les forces de police.