Ce qui gêne les rabbins ultra-orthodoxes dans un État qui assassine du Palestinien pour célébrer comme il se doit son cinquantième anniversaire, ce nest pas la débilité profonde dune chanson entendue lors dun concours Eurovision où chacun, précisément, rivalise de bêtise. Non, ce qui provoque leur fureur intégriste, cest que linterprète soit un transsexuel de chez eux, créature satanique pour ces consommateurs de religion à haute dose.
Ce qui trouble les ayatollahs, imams et autres mollahs, ce ne sont pas les cris guerriers et mâles du fanatisme coranique, qui appelle en maint endroits à la guerre sainte, sanglante et massacreuse, et qui hurle à la mort contre des écrivains libres de leurs propos. Non, cest quun cheveu puisse dépasser de la tenue réglementaire et carcérale imposée en certains pays musulmans à tout individu de sexe féminin, créature diabolique pour ses consommateurs de religion à haute dose.
Ce qui indigne les évêques, les monseigneurs et autres agités du crucifix, ce nest pas que Karol W. ait fait effectuer à sa morale publique, étriquée comme un corset, cadenassée comme une ceinture de chasteté, un retour à pas de géant vers lobscurantisme des pires périodes de la papauté. Non, cest que des journaux usent de la liberté dexpression là où elle sest imposée contre leur volonté, en attendant que leur nouvelle Inquisition nous ramène au temps béni des autodafés et des procès dopinion.
Au dire dun romancier près des cieux qui, jeune homme, fit quelques incursions au-dessus de lEspagne en guerre pour finir sur les Champs-Élysées, dans une manif de vieux, par voler au secours dun héros chienlisé parti vers Baden-Baden chercher lappui de son tortionnaire favori, le vingt et unième siècle promettait d'être religieux. Il y a du souci à se faire quand de plus en plus on sapplique avec sérieux à rendre possibles les prédictions des prophètes gâteux.