La gauche plurielle affirme vouloir lutter contre les inégalités sociales. Pour tenter dexpliquer le gouffre existant entre ce discours et la triste réalité, le gouvernement invoque la nécessité dune gestion " responsable " face à des revendications " irréalistes ". Ce raisonnement condescendant, propre aux élites, insiste sur les trésors de pédagogie que doivent déployer nos " pauvres " dirigeants, lignorance du bon peuple expliquant son impatience.
Les chômeurs sorganisent et luttent. Aubry et Jospin entonnent en chur: vos revendications sont légitimes mais les caisses sont vides. Les exemples démontrant l'hypocrisie dune telle argumentation sont légion. Dernier en date, la réforme en cours du régime des stock-options est un véritable scandale. Vous connaissez mal les stock-options? Cest normal, vous n'êtes pas concernés par cette forme dintéressement. Elles sont réservées aux dirigeants dentreprise et à un petit nombre de cadres.
Le système est simple: ces salariés aux revenus déjà faramineux se voient offrir des plans doptions de souscriptions ou dachats dactions à prix réduits. Il suffit aux heureux bénéficiaires dattendre tranquillement, l'il rivé sur la Bourse, pour lever leurs options, cest-à-dire les vendre, et réaliser ainsi de juteuses plus-values. Rappelons que la Bourse de Paris vient de franchir pour la première fois le seuil des 4000 points, lindice CAC 40 ayant gagné 34% en quatre mois.
Jusquen 1996, ces plus-values étaient imposées au taux ridicule de 20%. Arthuis, ministre des Finances sous Juppé, jugeant lui-même cet avantage fiscal exorbitant, a fait majorer le prélèvement fiscal pour les options levées dans les cinq ans qui suivent leur attribution tout en assujettissant ces plus-values aux cotisations sociales.
Depuis, bien évidemment, plusieurs associations patronales nont pas cessé de dénoncer cette mesure, pourtant bien timide. Cet appel au secours a été entendu. En avril, Didier Migaud (P.S.), rapporteur général du budget à lAssemblée nationale, a déposé un amendement, inspiré par Strauss-Kahn, remettant partiellement en cause le dispositif Arthuis. Il prévoit notamment de rétablir lexonération de cotisations sociales pour les options attribuées avant janvier 1997 par les sociétés de moins de quinze ans. Le Sénat sest engouffré dans la brèche, étendant cette exonération à toutes les entreprises françaises.
Depuis, Jospin sest exprimé sur ce sujet, le 12 mai à loccasion des " assises de linnovation ". " Nous devons savoir récompenser la prise de risque pour ceux qui font le choix dentreprendre " a expliqué notre Premier ministre socialiste. Jospin maîtrise parfaitement la langue de bois. Le propre du système des stock-options est justement d'écarter tout risque: les bénéficiaires ne perdent rien sils ne réalisent pas leurs options qui restent alors purement virtuelles.
Les chômeurs apprécieront cette touchante attention