Du Conseil de sécurité intérieure qui sest réuni le lundi 8 juin, avec à lordre du jour la " violence des jeunes ", ressort un mot clé : fermeté. Le gouvernement Jospin veut faire savoir a ceux qui en douterait encore quil peut être aussi brutal et répressif que la droite. Il sagira donc pour Chevènement de décliner, face aux jeunes, toute la palette de la " réponse policière ". Voilà de quoi occuper pendant quelques années les tombereaux demplois-jeunes recrutés par le ministère de lIntérieur. La délinquance des mineurs est encore aujourd'hui régie par des textes datant de 1945 et qui affirment la primauté du préventif et de l'éducatif sur le tout répressif.
Au sortir de la guerre, signe des temps et signe d'humanité, les dirigeants français du Gouvernement provisoire avaient voulu rompre avec la vieille barbarie des " maisons de correction ". Cinquante ans plus tard cest le grand retour de la répression qui sannonce.
Il parait que la délinquance des mineurs a changé de nature. Elle na pas, simplement augmenté, selon les tenants de la répression, mais elle a carrément muté. Cette transformation supposée se résume en deux points. Dabord, elle sest " territorialisée ", ce qui veut simplement dire, en langage de sociologue, que des bandes se sont crées dans des quartiers où elles prétendent imposer leur loi. Dautre part certains jeunes délinquants seraient devenus irrécupérables et il faudrait donc, pour faire baisser la délinquance, " éradiquer ces noyaux durs ". Bref, cest le modèle américain des gangs que lon croit voir dans nos banlieues. Les fameuses bandes se complaisent dailleurs à imiter ce modèle, véhiculé par la télé.
Qui dit modèle américain de la délinquance sous-entend en général répression à laméricaine, cest-à-dire brutale, perverse et inefficace. Il faudrait sen rendre compte rapidement si lobjectif est de diminuer réellement le niveau de délinquance dans les grandes villes. Mais peut-être, comme aux États-Unis, lobjectif réel est-il que le bourgeois puisse dormir tranquille dans des quartiers protégés.
Face à la figure de ladolescent menaçant, tous les moyens sont devenu bons. On martèle, comme si c'était une nouveauté que " tout mineur est responsable de ses actes ". Le " bon peuple " affolé n'était peut-être pas au courant mais les 3600 mineurs qui croupissent en taule le sont certainement. Concrètement le gouvernement a en projet de placer dans des endroits surveillés les mineurs considérés comme les plus dangereux. Traduction : on soriente vers la réouverture des " maisons de correction ".
À coté de cela, de plus en plus de policiers sont déployés dans les grandes villes et le plan " gendarmerie 2002 " prévoit de leur adjoindre des effectifs de larmée dans les banlieues, sous la forme de troupes de gendarmerie. Il faut dire que le plan Vigipirate aura largement habitué les habitants des métropoles à la présence quotidienne de larmée dans les rues.
La répression, les anarchistes le savent, est un cercle vicieux et la taule, quel que soit le nom quon lui donne, na jamais été une solution. Elle nest jamais que la version modernisée des culs de basse-fosse, avec pour rôle de faire disparaître ceux qui gênent lordre établi. Ce ne sont pas les quelques " classe-relais ", prévues par Ségolène Royal comme la cerise sur le gâteau des nouvelles mesures, avec pour objectif de limiter la déscolarisation, qui y changeront quelque chose.