Les riches volent les pauvres et les pauvres se volent entre eux.
Sojourner Truth
En analysant les politiques sociales, économiques et politiciennes des années quatre-vingt dix, une image nette surgit, celle de pauvres méprisés pour leur pauvreté, et punis du fait de leur absence de richesse. LÉtat et son élite culturelle ont projeté cette image jusquà ce quelle imprègne la culture populaire et la culture politique, et quelle se reflète dans la politique nationale.
Pourquoi le gouvernement sest-il attaqué à laide sociale ? Que cachait son discours ?
Une analyse attentive montre que cest des milieux daffaires quest issue limpulsion donnée à cette politique. En voici la raison : les « cycles économiques » sont cruciaux pour les économies capitalistes (cest la tendance connue et récurrente de périodes économiques « dexpansion et de crises »). Dès 1958, un économiste notait que la montée du chômage faisait baisser les salaires (cest la « courbe de Phillips »). Car quand la plupart des travailleurs ont un emploi, le patronat doit réagir aux pressions venues des exigences salariales. Mais quand le chômage est important, les milieux daffaires savent quils peuvent trouver de la main duvre avec des salaires au rabais. Le chômage tire vers le bas les salaires de tous les travailleurs et renforce linsécurité de lemploi.
En quoi cela peut-il concerner laide sociale ? En fait, laide sociale est une façon de maintenir un revenu, et ainsi elle sert de tampon entre ceux qui travaillent et les chômeurs. Ainsi, les travailleurs ne saccrochent pas avec acharnement sur le premier travail quils peuvent trouver. Quand les travailleurs ne sont pas désespérés, quand ils bénéficient dune certaine sécurité, ils exigent des salaires plus haut de la part du capital. Qui aurait pu imaginer que les plus pauvres dentre nous, ceux qui bénéficiaient de laide sociale, renforçaient et stabilisaient les salaires des travailleurs ?
Cest pourquoi le capital sest attaqué aux programmes des revenus sociaux par ses agents politiques (Républicains et Démocrates) en utilisant le doux nom de « réforme de laide sociale ».
Les deux partis du grand patronat se sont donné la main dans leur bataille contre les plus pauvres, encouragés par les conglomérats des médias, et qui ne sont rien dautres que les auxiliaires dentreprises encore plus importantes. Tous ces intérêts peuvent se résumer en un mot : le capital.
Pourquoi pensez-vous quà chaque fois quon annonce la baisse du chômage Wall Street panique et les actions chutent ?
Quand les gens, en masse, sont au chômage, cest alors « good for business ! », bon pour les affaires. Comment ce qui est mauvais pour les gens peut-il être bon pour les affaires ? Et que doit-on faire ?
Il y a plusieurs semaines, les chômeurs français descendaient dans la rue au niveau national, bousculant lestablishment néo-libéral par une vague de manifestations militantes. Cette mobilisation remarquable a montré la puissance dun mouvement de chômeurs qui a repoussé les tentatives de lÉtat de sattaquer aux revenus sociaux. Ce mouvement a traversé la frontière vers lAllemagne où des marches eurent lieu dans plus de 200 villes. Les Français ont quelque chose à nous apprendre car ils nont pas hésité à organiser et mobiliser les pauvres et les chômeurs.
Ce slogan des Français ne se traduit peut-être pas facilement ici, mais il vaut dêtre répété : « who sows misery, reaps rage », « qui sème la misère récolte la colère ».
Les politicards ne sont pas la solution, le peuple lest. Organisons-nous.
Sources : Profane Existence et Mumia@aol.com