Grande-Bretagne

Politique de l’emploi : comment saboter la propagande gouvernementale

Au Royaume-Uni, des chômeurs militants se battent contre la JSA (Job secker’s allowance) de l’Agence pour l’emploi. celle-ci oblige les gens à quitter les allocations chômage pour des emplois précaires et sans issue. Une campagne d’action directe pour combattre la JSA, appelée Groundswell, s’est formée en avril 1995. Groundswell est un réseau actif dans l’ensemble du Royaume-Uni, de chômeurs militants, d’anarcho-syndicalistes, de gauchistes et de syndicalistes. Freedom le décrit comme plutôt libertaire bien que certains de ses membres soient marxistes. Des protestations à l’extérieur et des occupations non-violentes ont souligné les problèmes devant la direction. Les militants liés à Groundswell, ce réseau de groupes indépendants, représentent un vrai casse-tête pour l’Agence pour l’emploi et le gouvernement du New Labour, le parti travailliste de Tony Blair.

Ils viennent d’adresser une dernière attaque contre le système du New Deal, ou « Nouvelle donne », gouvernemental qui veut obliger les chômeurs de 18 à 24 ans à travailler ou à se fourvoyer dans des voies de garage. Des milliers de reproductions contrefaites du dépliant de l’Agence pour l’Emploi sur le New Deal ont circulé à travers le pays via les collectifs de chômeurs, des militants politiques, etc.

Cette contrefaçon contient des informations pernicieuses ayant pour but de montrer comment le New Deal du Parti travailliste est un « raw deal », un traitement injuste. S’il est substitué au document officiel dans les agences, il va provoquer colère et perplexité parmi les lecteurs.

De la contre-information quasi authentique !

Une diffusion nationale de cette nouvelle arme pour saboter la propagande du gouvernement est maintenant en marche. De l’Écosse jusqu’à la côte sud, les demandeurs d’emploi prennent sans le savoir le pseudo-document dans leur agence. Celui-ci leur explique ce qu’est le New Deal : « une mesure qui doit permettre de faire baisser les chiffres du chômage, et obliger les jeunes à accepter des emplois mal payés (ou même pas payés du tout) ».

Les jeunes chômeurs ne seront pas rassurés par la lecture de la deuxième page de ce quatre pages de contre-information. Ici le « conseiller personnel » des demandeurs d’emploi, qui contrôle les efforts de recherche d’emplois des individus, est dépeint sous les traits d’un surveillant monstrueux.

« Le conseiller personnel [a pour] première tache de s’assurer que vous subissez de nouvelles tracasseries, problèmes et menaces pour vous obliger à accepter tout nouvel emploi. » Et, « il pourra vous faire bénéficier de ce service lui-même ou soumettre votre cas à quelqu’un dans un autre organisme qui sera mieux à même de vous persécuter. »

Ce tract souligne la nature coercitive du New Deal. Un programme radio de libre antenne, récemment, a parlé de la possible réintroduction par la petite porte de la conscription grâce au New Deal. Il semble qu’il y ait un projet de relancer, par ce biais, le recrutement de l’armée pour venir à bout du déficit des engagements.

Le ton officiel du document le fait apparaître comme authentique. Il déclare : « Fondamentalement nous ferons de notre mieux pour vous convaincre que vous souhaitiez, vraiment travailler pour les salaires les plus bas possibles sans aucun droit, et pour vous offrir l’emploi le plus précaire, non syndiqué, mal payé, que nous pourrons trouver. » L’apparence d’authenticité de ce tract de contre-information nous laisse penser qu’une aide est venue de l’intérieur même de l’Agence pour l’Emploi. Sous l’ancien gouvernement conservateur, des fuites ont alors eu lieu vers Freedom et Groundswell. Des membres des syndicats de fonctionnaires ont apporté leur soutien à la campagne contre la JSA. Il y a toutes les raisons de s’attendre à un mécontentement contre le New Deal de la part d’une partie des employés.

La mise en place de cette nouvelle forme de protestation nous vient de Brighton. Diverses formes d’action directe contre la JSA, Project Work, le New Deal et le Welfare to work, se sont déroulées dans différents endroits du pays. À Brighton, ils ont tenté de se lier aux syndicats de fonctionnaires pour miner les projets gouvernementaux.

Par ce tract, le groupe d’action des chômeurs de Brighton démontre qu’il y a plus d’une façon de lutter.

A.R.

d’après Freedom du 6 juin 1998