Alors que tout le monde, et en particulier les experts du F.M.I. et leur cour inféodé déconomistes libéraux, disserte sur la mondialisation heureuse et les victoires du capitalisme, tout est fait pour cacher la misère humaine et la situation chaotique de léconomie mondiale
Pourtant, la situation du capitalisme mondial nest pas florissante. Les pays industrialisés ne peuvent continuer leur croissance quau prix dun chômage de masse et dune précarité qui les ramènent 40 ans en arrière pour une partie de la population (pas de protection sociale, licenciement au gré, temps de travail réduit avec revenus réduits .). Les pays pauvres, comme les gens, le sont de plus en plus relativement. En clair, lécart de richesse saccroît entre lAfrique et les États-Unis par exemple depuis 30 ans, contrairement à une idée répandue. Les pays dits émergents, cest-à-dire ceux comme le Brésil, le Mexique, la Corée, lIndonésie qui sont des pôles dattraction des investissements internationaux et des pôles de croissance (+ 5 à 10 % par an), ont connu successivement des moments de purge boursière et financière comme on dit dans le vocabulaire froid des investisseurs internationaux (nouveau nom des capitalistes dans la novlangue libérale !). Cela a été le cas du Mexique en 1994, de la Corée en 1997 et de lIndonésie en 1998. Maintenant, cest le tour de la Russie. Cest cela la stabilité et léquilibre proposés par lutopie libérale : cest la crise récurrente sur le dos des populations !
Il y a dailleurs à sinterroger sur le traitement que les médias assurent à « la crise » en Russie. La population russe na, en effet, pas attendu le mois de juillet 1997 pour connaître lexploitation, la misère et la morgue libérale. Les médias ne parlent en fait de crise que quand celle-ci concerne les intérêts de cette clique capitaliste. Cest dailleurs la même chose avec la croissance actuelle de la France qui est la croissance des profits de cette même clique sans que les travailleurs ne voient daméliorations !
Sil y a un pays pour lequel il est possible de parler de lutopie libérale, cest bien la Russie. Aux premières fissures du Mur, en 1989, il était clair pour tout le monde (ou presque ) que le capitalisme allait pouvoir redresser le pays. La victoire totale et universelle de celui-ci ne faisait plus de doute. Les pays pauvres sortaient du sous-développement, les pays riches étaient dans lune de ces périodes de croissance qui succède inéluctablement à la dernière période de crise tout en précédant la prochaine. Les pays dits communistes allaient se mettre à la potion magique de la même façon. Certes, il y aurait des sacrifices à consentir, cest là le discours général tenu aux populations, mais iI ny avaient pas de doute. La situation y est, en fait, lamentable depuis la fin du capitalisme dÉtat qui annonçait lépoque radieuse. La Russie ne connaît que baisse de production et inflation. Jusquà lespérance de vie dont cest bien le seul pays ou elle baisse (de 63 à 59 ans depuis 1990) : cest dire létat de la population auquel mène le type de politique qui a été choisie. La potion imposée aux Russes sest révélée inhumaine. Les politiques suivies ne visent que la réhabilitation du profit dans les secteurs ou cela est possible. Ces secteurs sont si lucratifs que la Russie a pu tromper son monde en attirant des investisseurs et, surtout, laide des occidentaux. Alors même que les populations étaient exsangues, absence de salaire, dimpôts donc de structures collectives, iI suffit que les espoirs de profit ne soient plus aussi forts pour que tous les investisseurs retirent leurs billes, ce qui ne fait quaccroître la crainte des investisseurs qui retirent encore plus leurs billes.Cest comme cela que lon arrive à une bourse qui perd 60 % en une semaine et un rouble qui perd la moitié de sa valeur. Cest dire le pouvoir de largent et de cette petite clique dinvestisseurs internationaux qui peuvent plier un pays et des populations en une semaine ! Cest notamment la baisse du prix de matières premières essentielles pour la Russie comme le pétrole ou le nickel, qui a enlevé la confiance que les investisseurs avaient encore en cette économie.
Il est vrai que ces capitalistes ont du se dire quon ne pouvait aller plus loin dans le processus de dépouillement de la population. Car la Russie, si elle na pas été un modèle pour le communisme, a réussi en sept ans à construire un vrai modèle pur du capitalisme. Un pays ou les capitalistes peuvent ne pas payer leurs salariés, ne payent pas dimpôts, ou la législation nexiste pratiquement pas pour contraindre leurs activités, ou le système de santé a été démantelé ; voilà ce quest la Russie : leldorado de lutopie libérale. Elle réalise ce que les Madelin et les patrons rêvent ! Mais au bout de sept ans, le cauchemar est là. De la deuxième puissance économique mondiale, ils ont fait un pays aux allures de tiers monde, une république bananière ! Car cest bien létalement de richesses bien vite accumulées par certains au détriment de la pauvreté de masse qui signe la décomposition. La mafia nest autre que cette clique qui vit et spécule sur le dos des populations. Comme il a fallu faire ce travail de mise au pas des populations pour aller vers le marché, une économie occulte de type mafieux sy prête bien. Point de responsabilités politiques, de décisions collectives : « laissons faire le marché et ceux qui en profitent ». Les réformes nallant pas assez vite, les marchés financiers ont fait le ménage. Une fois de plus le cynisme économique est à luvre et remplace allégrement la décision politique.
Avec la Russie, cest léconomie mondiale qui chancelle. Non pas que la Russie ait un poids terrible, mais la crise asiatique et les troubles du prix des matières premières montre que le capitalisme est incapable, sil en était encore besoin, dassurer le plus simple, à savoir une vie digne et décente à tous avec des besoins sociaux satisfaits en distribuant de façon égale le travail utile. La plupart des pays asiatiques sont en train de prendre des mesures anti-libérales pour freiner le délitement de leur économie. Cest le cas de la Malaisie qui vient de rétablir le contrôle des changes, au grand dam du F.M.I. Car celui est responsable de la débâcle économique. Comment appeler autrement les mise au chômage de 8 millions dIndonésiens, trois millions de Thaïlandais, autant de Coréens et la misère de masse en Russie ? Le F.M.I. en obligeant les pays dits émergents à pratiquer des politiques uItra-libérales les a précipité dans la crise actuelle. Mais pour lui, comme pour tous les investisseurs capitalistes, le cynisme commande de dépouiller les populations de temps en temps afin de purger le système financier. Le dernier pronostic à la mode chez les investisseurs est de se dire que la Russie sera florissante dans quelques années pour réinvestir en bourse. Mais, à lallure ou léconomie mondiale se délite, on finit par se demander ou ils vont pouvoir investir leur argent si ce nest dans leur propres économies ce qui explique que léconomie américaine et européenne traverse une période de croissance.Le capitalisme ne peut assurer que le délitement et la pauvreté entrecoupé de périodes de croissance. Cest la météo du bonheur humain. Aussi sur que le beau temps succède à la pluie, la crise succèdent à la croissance. Mais, à la différence de la météo, le capitalisme nest pas naturel et cest aux populations brisées qui en ont ras le bol de le montrer !