Michel Bon, avant daller danser le French cancan
à la Bourse de New York, avait en tant que chef de
lA.N.P.E. suggéré de faire travailler les chômeurs.
Cette imbécillité absurde et ubuesque aurait-elle fait
école puisquaujourd'hui on parle dunir
les concubins ?
Disons-le tout net, le P.A.C.S. nest pas une révolution ni une démolition du patriarcat. Le P.A.C.S. nest quune réforme qui naura dautre utilité que dans les transactions administratives et commerciales. Le P.A.C.S. naura jamais la dimension symbolique publique du mariage. Et cest tant mieux.
Le P.A.C.S. est nécessaire ? En réclamer linstauration est bien sûr du réformisme, mais quel révolutionnaire ne sest jamais laissé aller à de lâches pensées réformistes en entamant sa quatrième heure dattente à la C.A.F. ou aux A.S.S.E.D.I.C. ?
Nous nous en rendons compte tous les jours : il est de plus en plus difficile de sen sortir. La misère est partout visible dans ce pays. Le nombre de gens qui partagent des appartements pour des raisons d'économies est en constante augmentation depuis des années.
Parce que le P.A.C.S. ne pourra pas être contracté entre frères et surs, parce quil na aucun intérêt pour les unions de circonstance ou de court terme (une année scolaire par exemple), parce quil ne sera pas permis à plus de deux personnes de pactiser, nous le trouvons un peu creux et nous pensons quil est loin de remplir tout son potentiel. Loin sen faut.
Pour ce qui est des concubins et cubines hétéros la mesure changera beaucoup de choses en particulier en cas de décès si il y a des enfants à charge ou si lun des contractant na pas de revenus ou de logement en son nom. A l'heure actuelle, seule les personnes mariées ont droit aux pensions de reversions et autres capital décès de leurs partenaires décédés.
Les couples homosexuels sont de plus en plus nombreux par le simple fait que, de moins en moins honteux, nous pouvons aujourd'hui vivre sans nous cacher et donc envisager des projets de vie commune au lieu de nous satisfaire de rencontre secrètes et furtives. Nos couples ont besoin de garanties vis-à-vis des compagnies dassurance, des banques, des mutuelles, des bailleurs publics ou privés. À l'heure actuelle, la facilité des démarches tient au hasard de tomber sur une personne compréhensive au guichet. Le P.A.C.S. lèvera au moins lincertitude que nous avons dans nos démarches de nous voir refuser le coup de tampon nécessaire sur nos formulaires divers. Ce sera déjà ça.
Finies aussi les discriminations de certaines mutuelles comme la M.G.E.N. qui refusent de reconnaître lexistence des partenaires de même sexe. (Les petits Papons sont légion qui sauto octroient la mission de sauver loccident chrétien.)
Plus d'évictions des H.L.M. et des appartements privés en cas de décès ou de départ du titulaire du bail.
Certains sinquiètent de voir les couples homos adopter et élever des enfants. Ladoption ne sera donc pas au programme de ce débat législatif qui voudrait ménager la chèvre et le choux et fini par ne satisfaire personne.
Ceci est purement symbolique car de toutes façons, les gays et lesbiennes ont des enfants et les élèvent.
Dans la plupart des cas, il sagit denfants nés dune union hétérosexuelle précédente. Tout comme dans le cas de personnes qui se remarient, le nouveau partenaire a de facto un rôle éducatif à jouer au côté du père ou de la mère. Ça ne se passe pas toujours bien, quelle que soit lidentité de ce nouvel adulte imposé ; mais il en va du bien être de lenfant d'être accepté et aimé par son beau-père ou sa belle-mère. Or il est également important que ces adultes, parents par hasard, par procuration, puissent jouer leur rôle : parent d'élève, chez le pédiatre, au commissariat quand il faut aller chercher le petit qui vient de rater son premier vol de disque, ou même en cas daccident, pour être traité dignement au service des urgences.
Certains couples ou individus sarrangent avec dautres pour faire des enfants. Dautres peuvent se faire passer pour célibataires (ladoption par les célibataires de plus de vingt-huit ans est légale), on peut aussi sinséminer artisanalement sans autorisation médicale. Branlette, bocal, pipette, cest pas sorcier et la blouse blanche est en trop, cest ça aussi lautogestion ! Que l'Église ou l'État soient contre ny change rien ; ça se fait. Il est impossible dempêcher les gens de sarranger entre eux comme ils veulent, comme il a toujours été impossible depuis lantiquité dempêcher les femmes davorter.
Seulement il faut bien quensuite chacun puisse être reconnu à sa place et puisse assumer ses responsabilité de parent. Ne serait-ce que pour avoir droit aux A.S.S.E.D.I.C. en cas de déménagement pour rapprochement de " conjoint ", ou pour les mutations de fonctionnaires, etc.
Bien sûr le P.A.C.S. facilitera surtout la vie des riches, des propriétaires et des petits patrons gays. Mais cest aussi le cas du mariage que de profiter aux riches
Comme le mariage, pour la sécurité administrative et légale quil pourra apporter, le P.A.C.S. est une formule que les gens utiliseront au gré de leurs besoins et de leurs intérêts pour essayer de tirer les meilleures cartes dun jeu qui reste pourri. Il y aura des P.A.C.S. blancs comme il y aura encore des mariages blancs tout simplement parce quil faut bien survivre
Le seul pilier fondamental de la société que nous voulons, cest lindividu. Seule l'égalité économique et sociale des individus laissera à chacun le choix libre et entier de ses rapports avec les autres.
Même si les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes amis, jai de toutes façons du mal à voir dun mauvais il le vote dune loi qui met l'Église aussi mal à laise. Et le véritable intérêt du P.A.C.S. serait bel et bien quil puisse rendre le mariage obsolète. Symboliquement ce serait une claque pour les patriarches. Mais ça, seul le temps nous le dira.
Pour le reste, gardons toujours en tête, quand même, que Cupidon sen fout.