Après Le Pen qui naime pas nos dessins, après Debré qui naime pas nos commentaires sur la police, cest au tour de Michel Pajon, maire et député P.S. de Noisy-le-Grand (en Seine-Saint-Denis), qui naime pas nos informations, de traîner le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, devant les juges.
Cest pourtant un fait, ce député-maire socialo a laissé lextrême droite intégriste construire une chapelle dans sa commune, sans doute pour diviser la droite et conserver son trône de député-maire ! Préférant certainement organiser secrètement ces petites magouilles personnelles, Pajon sestime diffamé.
Pour avoir dénoncé sa complaisance vis-à-vis de lextrême droite, le Monde libertaire se voit une nouvelle fois menacé d'étouffement.
Ce nest en effet rien moins que 130 000 francs que Pajon réclame en guise de dommages et intérêts. Qui disait que la liberté dexpression na pas de prix ?
On sait que sortir du consensus bien-pensant est un sport à risques pour la presse. Lacharnement judiciaire et donc la censure économique menacent en permanence les derniers journaux libres. Lextrême droite se fait un devoir de traîner Charlie-Hebdo de procès en procès, mais dautres revues sont régulièrement visées, dautant plus facilement quelles sont moins connues.
Plus grave encore : ce garottage soft, mais efficace, des voix indésirables, fait des émules. Il y a eu les astreintes astronomiques contre un livre dénonçant les magouilles des chambres de commerces, il y a les biographies quon renonce à publier de peur de déplaire, il y a ce livre de photographies quun intégriste de la même secte que celle séjournant à Noisy-le-Grand a fait retirer de la vue des clients pas forcément choqués par les photos mais davantage peut-être par lintégrisme, il y a désormais les élus locaux qui ne supportent pas la contestation chez eux.
Mais ce nest certes pas un socialiste bon teint
à la Pajon qui fera grand cas de la liberté dopinion
et dexpression, un de ces acquis du mouvement
social que la gauche " gestionnaire " considère
probablement comme une pesanteur désuète. Il faut dire
que la gauche au pouvoir semble avoir bien du mal à
supporter les libertés quelle ne contrôle pas.
En août 1983, le gouvernement socialiste envoyait ses
CRS saccager les studios de Radio libertaire, coupable
dexister en dépit de la déferlante des radios-fric.
Quinze ans après cet épisode glorieux de socialisme
responsable, Radio libertaire continue à faire entendre
sa voix sans maître en région parisienne (et lAdministration
pénitentiaire lui intente un procès, un de plus, pour
la lecture dune déplaisante lettre de détenu).
Que les choses soient claires. Sur ce sujet, le P.S. aurait bien tort de sillusionner. Même sil peut croire que la sale intervention dun Pajon coûte moins que celle de CRS en termes dimage et de sondages, nous navons aucunement lintention de laisser notre hebdomadaire, le Monde libertaire, qui défend depuis plus dun siècle les idées, les analyses et les propositions anarchistes, sombrer sous la censure hypocrite de linstitution judiciaire sans réagir. Ne serait-ce quen dénonçant vivement les sales coups des socialistes contre la liberté dexpression. Audience le 19 octobre à 13 h 30 à la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Paris.