Le capitalisme a besoin de la crise, nous n’avons besoin ni de l’un ni de l’autre !

Cette crise intervient après un changement des politiques économiques et des stratégies capitalistes au début de la décennie 80. Devant une baisse de la rentabilité des entreprises commencée dans les années 70, les entreprises et les gouvernements ont décidé de procéder à la libéralisation des marchés financiers. Cela consistait à favoriser l'épargne, la mélanger sur des marchés ou elle pouvait circuler, à privatiser les entreprises pour donner un coup de pouce aux bourses (le marché financier essentiel). Le but est de protéger le capital en lui donnant le maximum de liberté afin d’assurer sa sécurité. Exemple : si les profits baissent en Asie, les capitalistes rapatrient leurs investissements en Amérique du Sud ; ou encore si un État ne paie plus ses dettes, ils vendent leurs obligations pour aller sur un autre marché plus lucratif. Les capitalistes sont obsédés par la rentabilité et la sécurité du gain, pour cela il leur faut une liberté pour élaborer des stratégies. Du coup, les bourses mondiales ont flambé pendant 15 ans. La Bourse de Paris a connu une explosion de ses capitalisations. Les gains ont été croissants : jusqu'à 60 % d’augmentation à la revente d’actions (donc de plus-value financière) rien qu’entre 1996 et 1997. De même, iI s'échange aujourd'hui 15 000 milliards de dollars par jour contre 2 000 milliards en 1980. Pour donner une idée, les échanges de biens ne dépassent pas 2 000 milliards de dollars par jour aujourd'hui.

Un système spéculatif

Elle montre, à ceux qui en ont encore besoin, que le marché, le libéralisme et le profit ne peuvent assurer un équilibre et une distribution rationnelle des ressources. Il n’est pas rationnel de laisser quelques centaines de capitalistes décider de la survie des populations. Ils s’approprient l'épargne de populations complaisantes dans le cadre d’un capitalisme diffus comme les fonds de pension américains. Ils jouent avec pour assurer une rentabilité sur le futur pour les cotisants tout en devant dégager un profit présent pour eux. C’est ainsi que le motif de spéculation est essentiel aujourd'hui. Ce qu’on appelle la bulle spéculative est ce phénomène ou la valeur boursière d’une entreprise n’a plus rien à voir avec la valeur réelle de ses profits. L’argent se gagne alors en perpétuant l’illusion par des informations et des rumeurs. Il s’agit de faire des plus-values financières. Mais si cela tourne mal et que l’entreprise perd un certain nombre d’actionnaires, et donc de capital, c’est bien les salariés, en perdant leur emploi, et la société collectivement, en se passant du bien ou service produit qui en subissent les conséquences. L’extension internationale des crises se fait toujours par ce mécanisme de protection que les capitalistes mettent en place. Si je perds de l’argent en Indonésie, iI faut vendre au Brésil pour me renflouer et le Brésil tombe à son tour.

Mais nous n’avons pas affaire à des profits qui se font sur rien comme souvent des journalistes ou des politiciens vertueux et complaisants voudraient nous le faire croire mais à des profits qui se réalisent in fine directement sur le dos des populations.

Sortir de la " crise ", ou du capitalisme ?

Comme dans toute crise, ce sont les populations qui trinquent. Cela se voit en Russie, en Corée, en Malaisie, en Indonésie, au Brésil… Le chômage et la baisse des salaires, voire leur suppression, sont la solution trouvée pour permettre de rentabiliser l’appareil productif. En fait, les pertes des capitalistes sur les marchés financiers sont reportées sur les travailleurs. C’est toujours le bon principe selon lequel les profits vont aux capitalistes mais les pertes vont aux travailleurs. Plus les investisseurs sont perdants dans leurs plus-values financières, plus ils compensent en augmentant les plus-values réelles, en rognant encore plus sur les salaires et l’emploi. C’est en ce sens qu’il n’y a pas l'horrible économie financière d’un côté et de bons patrons acculés à la faillite de l’autre. Ce sont les mêmes processus qui jouent. Si ce ne sont pas toujours les mêmes capitalistes qui gagnent, ce sont en tous cas toujours des capitalistes. C’est pour cela que les petits commerçants viennent rejoindre le cortège de ceux qui subissent la crise. La crise est bien ce moment où sont redistribués les droits sur la richesse. Le modèle asiatique est en train de tomber parce qu’il se comporte comme le modèle occidental quand il est confronté à une perte de profits. Alors qu’il était basé sur une cohésion sociale forte tant qu’il y avait une croissance forte, iI n'hésite pas à licencier en masse, à réduire fortement les salaires quand iI voit ses profits baisser Ce sont les mêmes capitalistes qui sont au pouvoir avec le même mépris des travailleurs et des populations.

Pour les capitalistes, ce n’est qu’une soupe à la grimace. Les pertes dans un pays aujourd'hui sont compensées par des gains dans un autre pays, aujourd'hui ou demain. Les médias tentent de nous faire partager la peine des capitalistes qui ont tout perdu. Pardonnez-nous de nous gausser de ces apprentis sorciers de la finance et espérons même qu’ils tomberont tous un jour sous les assauts de leur propre connerie. En attendant, la globalisation et la mondialisation représentent pour eux une assurance de ne jamais perdre beaucoup d’argent. Si vous perdez sur le marché des actions, vous vendez (au risque de précipitez les choses) et vous achetez des obligations d'État, moins rentables mais plus séres : ça, c’est la globalisation des marchés. On comprend pourquoi les obligations allemandes sont prises d’assaut depuis le début de la crise russe. En fait de crise, iI n’y en a que pour ceux qui vont devoir se sacrifier pour ces stratégies financières minables.

La crise sert à produire une peur chez ceux qui pourraient la subir. Non seulement elle redistribue les cartes mais elle a l’avantage de présenter la situation comme étant fatale et touchant tout le monde. Bon moyen pour les investisseurs capitalistes pour ne pas être le point de mire des populations ! Alors disons toujours bien fort que ce n’est pas notre crise mais leur crise et que nous supportons plus les effets de leur crise qu’eux-mêmes. C’est cela qu’il faut changer ! Il ne s’agit pas de sortir de cette crise mais de sortir de l’impuissance du capitalisme à procurer des vies et des statuts dignes aux populations, en fait, sortir du capitalisme.

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