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Un dessinateur au ton anar : Korky Paul

L’illustration viscéralement. anarchiste de Korky Paul fait mouche à chaque album par lui dessiné. Quel que soit le texte on peut dire que le livre est une oeuvre de K Paul. Il donne démesure, hilarance et vitesse aux textes les plus nuls comme par exemple la na~rante adaptalion des Fables d'Ésope de V French, ou au fond les plus sérieux Sandiv le voleur d’odeurs. S’il emprunte au fantastique (Le Pudding dingue, Les Potions secrètes du professeur Puff), au récit de sorcière (Pélagie la sorcière, L'Hiver de Pélagie), au recit d'horreur (La Course endiablée de Dracula Junior), Korky Paul recentre toujours l'histoire sur l'humour et la dérision. Tel est Jo ce pirate redoutable qui pille, tue, vole et cache ses trésors… mais à qui manque la mémoire (Le Trésor de Jo le pirate). Des couleurs vives sans être agressives, des personnages anti-héros confirmés, un dessin au trait touffu, des portraits issus de l’art de la caricature, servent une vision du monde goguenarde et décapante. Ainsi dans Crazy Canard le dessin assure la transcroissance de la dérision - somme toute traditionnelle dans la littérature de jeunesse - en subversion ; ce canard qui se paume au cours d’une migration est un curieux, un découvreur d’autres mondes. De même dans le passionnant Pel le chien qui creusait, la recherche du nonos vire à l’exploration archéologique et au récit fantastico-bouffon. Bien sér c’est lorsqu’il met en scène la ruse que Paul se régale. Que ce soit dans un récit animalier (Doc Lapin le grand défi) ou dans une mise en scène pseudo-réaliste (Tom le roi de la pêche). À travers cette aventure dessinée se lève toutefois un zeste de morale bouffonne qui fait de Korky Paul un La Fontaine de l’illustration du livre pour enfants (de 5 à 100 ans). Les clins d’oeil d’un album à l’autre par personnages recurrents, les dialogues de bêtes à textes détournés rappellent au lecteur la présence d’un La Fontaine rieur (Doc Lapin le grand défi, Sandiv le voleur d’odeur, Gratte matou) Pour ceux qui voudraient apprécier la fulgurance du dessin rigolard de Paul, ils peuvent se reporter au Grand livre de tous les méchants.

Philippe Geneste