Il y a un
mois, nous écrivions : " le calme précédant toujours la tempête, préparons-nous
à affronter les remous qui arriveront plus vite que certains le pensent ". Et bien,
nous y voilà. Comme depuis pas mal dannées déjà, cest un mouvement
spontané, non encarté syndicalement et politiquement, qui secoue les fondements de la
société capitaliste à savoir lexploitation, linégalité sociale et
économique. La traditionnelle grève de rentrée des syndicats enseignants ayant été un
bide, aujourd'hui ce sont donc les lycéens qui arrivent par leur lutte à faire bouger
les choses. Comme quoi on peut être sérieux quand on a dix-sept ans. Le gouvernement est
pris, dans une certaine mesure, à son propre jeu. Jospin se vante d'être un réaliste,
la jeunesse lui en redemande. Le fric ce nest pas si neutre que ça et cest
bien de politique quil sagit. Même si lidéologie nest pas mise
en avant, cest tout un malaise social qui refait surface. Dans cette logique
marchande de consommation à outrance qui nous est proposée comme bonheur terrestre, le
fumeux discours ministériel sur le " qualitatif " a bien du mal à passer.
Cependant, spontanéité ne rime pas toujours avec pleine conscience.
Allègre, fin renard politicien, le sait. Noublions pas quen octobre 90, avec son ami Jospin, il ferraillait déjà contre les lycéens en grève. Pour linstant, il se débrouille bien. Loin de se mettre en porte-à-faux, surfant sur le magma revendicatif, il se la joue copain-copain avec les lycéens en colère. Toutes ses embrassades ont un but bien précis : étouffer. Il a déjà trois beaux coups à son actif sur le dos de cette révolte. Dabord, il a passé en force sa réforme sur les nominations de profs (la déconcentration) via un décret. Ensuite, il continue plus que jamais à précariser le service public d'éducation. Des emplois-jeunes géreront désormais les foyers dans les lycées, quant aux classes surchargées, elles seront dédoublées et assurées par des contractuels corvéables à merci puisquayant un statut de droit privé. Tristes acquis pour les lycéens qui plus tard feront eux-mêmes ce genre de boulots merdiques. Cette carte de confiance envers les lycéens, cette volonté de bien les cloisonner, permettent à Allègre d'éviter la globalisation des problèmes de l'école à lensemble de ses composantes (A.T.O.S., profs, parents, élèves). Alors, aux jeunes qui craignent la récupération par les politiques, quils regardent bien qui veut vraiment les manipuler.
De surcroît, Jospin et Allègre ont de vrais pompiers, déguisés en faux pyromanes pour éteindre lincendie. Côté lycéens, la F.I.D.L., lU.N.L. (deux organisations très proches du P.S.), quoique peu représentatives tentent cependant de prendre la tête du mouvement, avouant clairement " vouloir aider le ministre dans sa réforme ". On comprend mieux pourquoi elles sont ses interlocuteurs privilégiés. Côté politique, le P.C.F. surtout et les Verts continuent leur ignoble double jeu (comme pour les 35 heures, limmigration, le PACS). Un gros pied dedans, un petit pied dehors, ils cherchent à canaliser et à verrouiller toute velléité de véritable émancipation sociale. Ils appuient la manif du 20 octobre devant lAssemblée alors quils ont déjà accepté depuis longtemps de voter le budget que leur avait présenté Jospin. Où sont donc les véritables casseurs ? Anarchistes, prônant lauto-organisation des luttes, nous apporterons, à notre niveau, toutes nos forces pour déjouer la récupération de la jeunesse par l'État et ses zélés serviteurs. Les lycéens, nont ni à être aimés ni à être compris, ils ont à prendre eux-mêmes ce quils réclament.