Bordeaux

Plus de 40 jours de grève de la faim pour 20 sans-papiers !

Manifestation de soutien aux sans-papiersDepuis le 10 septembre, 20 sans-papiers se sont lancés dans une grève de la faim pour obtenir leur régularisation et celle de tous les sans papiers. Ils ont des nationalités turques, bulgares ou chiliennes. Ils ont des durées séjours en France diverses.

Un comité de soutien aux sans-papiers existait et revendiquait la régularisation de tous les sans-papiers et l’abrogation des lois Pasqua, Debré et Chevènement. Cependant l’absence de mobilisation des sans-papiers sur Bordeaux limitait son action. C’est au moment où certains avaient orienté le comité de soutien vers l’organisation de parrainages et que d’autres envisageaient d’abandonner un comité de soutien sans liens avec les personnes qu’il souhaitait défendre, qu’un groupe d’une vingtaine de sans-papiers pour la plupart turcs est venu demander l’aide du comité de soutien pour l’action qu’ils avaient décidé de mener afin d’obtenir leur régularisation, soit une grève de la faim. Ils commencèrent le 10 septembre dans une arrière-salle d’une petite église du centre-ville, l'église Saint-Paul. Le soutien fut difficile à mobiliser, les quelques médecins qui ont commencé le suivi l’ont rapidement abandonné.

Seule une équipe d’infirmiers a continué le suivi médical des 20 grévistes de la faim.

Assez vite ont été organisés des rassemblements le jeudi. Au départ devant l'église Saint-Paul, ils sont aujourd'hui tous les jeudi devant la préfecture à 18 heures, pour faire pression sur cette instance et obtenir la régularisation des 20 grévistes. Le comité de soutien aux sans-papiers se compose de : A.S.T.I., Collectif Égalité des droits Rive droite, Pakao Kafoo, AC ! gironde, A.P.E.I.S., M.N.C.P., Syndicats S.U.D., U.D.-C.G.T., F.S.U., U.N.E.F., O.C.L., F.A., P.C.F., Voix des Travailleurs, L.C.R., J.C.R., Les Verts, Ras l'front, Comité Palestine 33, M.D.B.H.P., C.S.C.V. (commission migrants), Immigrés-Citoyens, A.M.G.T. et d’individus. De plus pour les dernières manifestations, l’U.D.-C.F.D.T. a aussi appelé par voie de presse.

Des régularisations au compte-gouttes

Manifestation de soutien aux sans-papiersCe n’est qu'à partir du 29e jour que la préfecture a reçu une délégation du comité de soutien, et lui a dit que les quatre sans-papiers qui avaient plus de dix ans de séjour continue en France serait régularisés. C’est le texte de la loi Chevènement et les quatre sans-papiers n’auraient pas du avoir à faire de grève de la faim pour obtenir cette régularisation. Pour six autres sans-papiers qui ont bientôt 10 ans de séjour, ils pourront être régularisés début 1999. Les autres ne sont pas régularisables. Il n’y a donc aucun assouplissement des rigueurs de la loi Chevènement.

Pour ceux qui ont voulu croire que la multiplication des textes juridiques (circulaire de régularisation de juin 1997, loi Chevènement du 11 mai 1997, circulaire d’août 1998) a permis de régler la situation des étrangers sans-papiers, plusieurs grèves de la faim témoignent qu’il n’en est rien. Il faut signaler que le samedi 3 octobre la manifestation de soutien aux sans papiers a croisé les manifestants anti-PACS devant la mairie de Bordeaux, ceux-ci étaient menés par des responsables locaux du Front national ainsi que l’avocat de l’abbé intégriste Laguerie qui fait interdire la vue par le public de certaines librairies de Bordeaux d’un livre (INRI).

Un cordon de police a cantonné les manifestants anti-PACS pendant notre passage, mais il est peu de dire que nos slogans ne se sont pas rejoints, en effet aux " Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés " répondaient les " nous sommes tous les enfants de Mégret " ! Depuis – est-ce un hasard ? – des banderoles ont été arrachées autour de l'église.

Une presse hostile

Nous ne vous étonnerons pas en disant que le soutien de la presse fut long à venir et éphémère. Absence d’articles pendant les 15 premiers jours, il a même fallu aller manifester sous les fenêtres du journal local, Sud-Ouest, pour susciter un article les jours suivants. Cependant le 12 octobre, le Front national bénéficiait d’un article où ses propos étaient largement repris demandant l’expulsion des sans-papiers, indiquant qu’il lançait une contre-pétition et allait organiser une manifestation de rue. Nous apprenions qu’un article de la même teneur a été publié le samedi 10 octobre dans La République du Centre à propos de l’occupation des sans-papiers d’Orléans.

Les 9, 10 et 11 octobre se tenait le Salon du Livre à Bordeaux. Le comité de soutien décida d’y distribuer des tracts et de faire signer des pétitions.

Si nous ne fûmes pas étonnés d’entendre Régis Debray refuser de signer la pétition au nom de la nécessité du respect de critère de régularisation, nous fument étonnés d’entendre Jean-Claude Guillebeau (Journalistes sans frontières, entre autres) défendre le refus de la régularisation de tous les sans-papiers au nom du refus de la libre circulation et au nom de l’anti-libéralisme !

Notre groupe participe sur Bordeaux, à sa mesure, mais depuis le début à la lutte pour la régularisation des sans-papiers, nous avons fréquemment manifester avec notre banderole commune OCL-FA " Pour un monde sans frontière ".

La grève de la faim entamée à Saint Paul montre la détermination des sans-papiers. Il nous appartient de mettre en oeuvre autant de détermination pour les soutenir et obtenir la régularisation de tous les sans-papiers.

Nous appelons à participer aux rassemblements devant la préfecture le jeudi à 18 heures. Nous vous invitons au meeting qui aura lieu le vendredi 23 octobre à l’Athénée Municipal à 20 heures avec plusieurs sans-papiers dont Madjiguène Cissé.

Il est aussi possible de les soutenir en demandant leur régularisation auprès de la préfecture par fax au 05 56 90 64 76.

Philippe Arnaud – groupe Emma Goldman (Bordeaux)