Hommage

Roland Biard (1942-1998)

Nous venons d’apprendre avec tristesse le déces de notre compagnon et ami Roland Biard, le dimanche 4 octobre. Emporté en trois semaines par un foudroyant cancer, il avait activement milité dans le mouvement anarchiste entre 1961 et 1975 : co-fondateur, avec le signataire de ces lignes, du groupe d’Etudes et Action anarchiste (tous deux âgés alors de 19 ans) Roland était le fils de membres haut placés de l’appareil stalinien du P.C.F., avec lesquels il avait rompu très jeune, ayant rejeté les mensonges et hypocrisies du pseudo " parti de la classe ouvrière ".

Bien que plutôt placide et pacifique, il était d’un grand courage physique : il avait été présent à toutes les manifestations anarchistes contre la guerre d’Algérie, en 1961-62, dont celle, tragique, de Charonne. Il était aussi présent, comme bon nombre de compagnons, la fameuse nuit des barricades du 10 mai 1968. Partisan d’une organisation spécifique anarchiste-communiste, il avait été secrétaire de l’Union des Groupes anarchistes communistes de 1964 à 1966, puis co-fondateur du groupe Kronstadt (qui compta dans ses rags Daniel Guérin), du mouvement communiste libertaire, puis avait rejoint l’Organisation révolutionaire anarchiste (O.R.A.) en 1971, qu’il quitta en 1974 désabusé par les manœuvres de certains leaders " charismatiques " et surtout le manque de maturité organisationnelle et politique de la pluapart des membres. D’une grande capacité de travail, il s'était consacré à la publication de plusiseurs ouvrages : Histoire du mouvement anarchiste depuis 1945, La Commune de Budapest (sous le nom de R. Bardy), Dictionnaire de l’extrême gauche en France,etc. Il avait publié de nombreux articles, signés Julien Stern ou anonyme dans la presse libertaire. De profession instituteur, devenu professeur d'histoire, il avait préféré quitter Paris pour redevenir instit dans sa chère Charente en 1975. Bon vivant, recevant avec beaucoup de fraternité tous les copains chez lui, il laisse à ceux qui l’ont connu le souvenir d’un bon et franc camarade. Signalons aussi sa grande passion pour la philatélie, laquelle le délaissait de ses soucis quotidiens. Il s'était retiré depuis sa retraite, il y a un an auprès de sa dernière compagne en Belgique. Fidèle à ses convictions, il a voulu être incinéré enroulé dans un drapeau noir.

Alexandre Skirda