Les luttes lycéennes de Besançon

A Besançon, les lycéens ont mis un peu de temps à se mobiliser, puis à structurer leur mouvement. Tout commença le lundi 12 octobre ; les élèves d’un lycée décidèrent de se mettre en grève et d’aller voir les autres établissements, pour convaincre les élèves de les suivre dans la rue. En quelques heures, 3 000 lycéens étaient réunis place Saint-Pierre, où commencent traditionnellement toutes les manifestations. Le lendemain, même mobilisation dans le but d’aller gueuler devant le rectorat.

Malgré ces débuts assez prometteurs, il n’existait strictement aucune organisation avant mercredi 14 ; c’est à partir de ce jour là que des assemblées générales eurent lieu dans l’ensemble des lycées de la ville. Au cours de ces assemblées dans chaque lycée des représentants furent élus ; des groupes d'élèves furent aussi constitués pour s’occuper de tâches bien précises. Ainsi, parmi ces groupes, certains s’occupent des relations avec la presse, d’autres forment le service d’ordre, chargé de limiter au maximum les " débordements " au cours des manifs, sans oublier la trésorerie, les personnes écrivant ou diffusant les tracts…

Dans cette même période, la coordination entre les différents lycées de la ville s’est affermie ; s’il reste encore quelques problèmes à ce niveau, on peut cependant affirmer que l’ensemble des lycéens comprend l’importance extrême de l’unité dans la lutte. D’autant plus que les revendications lycéennes sont identiques entre les différentes sections, ou les différentes régions du pays : manque de profs titulaires, classes surchargées, emplois du temps invivables, suppression de certaines options…

6 000 personnes environ ont défilé à Besançon avec ces revendications en tête lors de la journée de manifestation du jeudi 15. D’ailleurs, à cette manif, un petit cortège d'étudiants et de professeurs s'était joint à nous, ce qui est plus logique : une multitude de profs de bahuts réclament moins d'élèves par classe, et les revendications spécifiques des étudiants s’adressent au même clown, notre rigolo et jovial Allègre. La dernière journée de manifestation nationale du mardi 20 a réuni plus de 9 000 manifestants, malgré le prétendu " essoufflement " que les médias ont été heureux de signaler.

Grève reconduite

Les pseudo-réformes du joyeux mammouth n’ayant pas convaincu beaucoup de lycéens, une grande partie d’entre eux ont l’air décidé à continuer la grève. Cette dernière a donc été reconduite à une écrasante majorité (plus de 90 %) jusqu’aux vacances dans la plupart des lycées de Besançon.

Même si, pour l’instant, les luttes lycéennes se sont très bien déroulées à un niveau local, il nous reste cependant quelques problèmes à régler. Déjà, le grave dilemme de la coordination nationale : faut-il être membre d’une délégation noyautée par la F.I.D.L., proche du P.S., pour pouvoir présenter nos revendications au ministre ? Ensuite, les profs : tout lycéen doté de raison peut comprendre que les enseignants et leurs élèves sont embarqués dans la même galère, mais certains redoutent une tentative de manipulation de la part des syndicats, que ce soit la F.S.U., le S.U.D. ou le S.G.E.N. Enfin, le problème majeur demeure évidemment dans les façons de motiver à nouveau tous ces lycéens découragés par deux semaines de luttes infructueuses ; la coordination des différents lycées de Besançon s’est ainsi donné comme objectifs de programmer des actions pendant et après les vacances, afin que les lycéens restent dans une ambiance de lutte.

Les gouvernants devraient davantage se méfier de ces gentils et inoffensifs lycéens. Pour l’instant, nos actions n'étaient en effet pas trop méchantes ; mais les mentalités évoluent et peu de personnes apprécient vraiment le mépris…

Thierry – groupe Proudhon (Besançon)