Rouen : Répression contre les sans-papiers

Manifestation de sans-papiersEn Normandie, comme un peu partout on France, se crée un mouvement des sans-papiers autonomes vis-à-vis des partis politiques.

Cela fait maintenant sept mois que le Collectif des sans-papiers du Havre occupe une église de Caucriauville. La préfecture, quant à elle, a durcit le ton en rejetent leurs dossiers, alors que ces sans-papiers sont depuis longtemps en France.

Devant les refus réitérés de la préfecture, quatre des occupants se sont mis en grève de la faim depuis le 3 septembre, pour augmenter la pression, mais rien n’y fait : préfecture et ministère ne veulent rien entendre. D’ores et déjà, les grevistes auront des séquelles irréversibles sur le plan de leur santé.

Sur Rouen et la région elbeuvienne s’est créé, en juillet, un collectif regroupant 70 sans-papiers.

Une répression incidieuse

À Elbeuf, depuis le 18 septembre, des sans-papiers occupent la Maison des Associations. Ceux de Rouen, depuis le 1er octobre, occupent les locaux d’une église de Grand Quevilly (ville dont Laurent Fabius est le maire). Mais depuis cette occupation, la préfecture a encore durci ses positions, refusant d’instruire les premières demandes, de recevoir Ies sans-papiers pour un réexamen (contrairement à ce que prévoit la loi Chevènement) et va même jusqu'à ne plus faire de notification écrites aux sans-papiers déja régularisés.

D’autre part, la répression se fait de manière insidieuse, non pas en intervenant sur le lieu d’occupation (pour l’instant), mais en s’en prenant individuellement aux membres du Collectif.

L’un d’eux, Tunisien, a juste eu le temps de se sauver de son lieu de travail où la DICILEC venait l’attraper. Moins de chance pour M. Biyik Hassan, d’origine turque. Il a éte arrêté lors d’une rafle dans un bar turc de Rouen. M. Hassan vit en France depuis plusieurs années mais n’est marié que depuis un mois avec une française avec laquelle il vivait maritalement depuis un an (le critère de la loi Chevènement est d’un an de mariage). Malgré les manifs devant le centre de rétention rouennais et devant la préfecture ; malgré le recours déposé par l’avocat et Ie collectif, M. Biyik Hassan a été expulsé vers la Turquie, le 21 octobre.

Vendredi 23 octobre, une manif pour la régularisation de tous les sans-papiers s’est déroulée à Rouen. Il y avait plus d’un millier de manifestants, venus également d’Elbeuf et du Havre (un nombre de manifestants bien moindre que lors de la manif contre la venue de Mégret à Rouen !).

Une manif intéressante car à I’appel des sans-papiers, rassemblant un très grand nombre de manifestants d’origine étrangère. Seule fausse note, les trotskistes (!) qui assuraient une présence voyante avec force banderoles et service d’ordre viril et parano. Les trotskistes n’ont pas compris que les sans-papiers veulent un mouvement indépendant des partis politiques.

Pour notre part, nous soutenons les luttes des sans-papiers, les aidons dans leurs démarches, mais sans pour autant les chaperonner ou leur indiquer quelle est la bonne façon de lutter. Seul un mouvement des sans-papiers autonome et fort aura raison d’une gauche frileuse et d’un gouvernement qui ne tient pas ses promesses.

Jean-Pierre Levaray - groupe de Rouen