Acharnement judiciaire

L’École émancipée condamnée

Nous vous tenons régulièrement informés du nombre croissant de procès auxquels le Monde Libertaire ou Radio libertaire sont confrontés. La plupart des lecteurs du Monde libertaire a sans doute entendu parler de cette mode inquiétante, qui consiste à se servir de l’institution judiciaire pour briser toute tentative d’information non conforme. Ce sont nos amis de l’École Émancipée, revue de la tendance révolutionnaire du syndicalisme enseignant, qui viennent d’en faire les frais.

Un arrêt de Cour d’Appel en date du 1er octobre 1998 vient en effet de condamner cette revue presque nonagénaire à 20 000 F d’amende (plus les frais de justice…) pour un article consacré à « Alexis Carrel, maître à penser de l’extrême droite ».

Les circonstances de cette condamnation méritent d’être soulignées, tant elles montrent que, lorsqu’il s’agit de faire taire des plumes désagréables, les censeurs savent être tortueux. L’École Émancipée est en effet condamnée à cause de l’extrait ci-dessous de l’article incriminé :

« Qu’on pense à la dérive antisémite de ce militant écologiste lyonnais, Jean Brière, qui fut pourtant un des premiers à exiger très tôt que la faculté Alexis Carrel soit débaptisée. Il y a quelques années, J. Brière, exclu des Verts et condamné par la justice pour un texte antisémite est allé jusqu’à collaborer, en compagnie de P. Guillaume de la « Vieille Taupe », Notin et Garaudy (déjà !), à la revue néo-nazie Nationalisme et République."

Il est remarquable que Brière n’ait fait porter sa plainte que sur l’information en gras, le reste de la phrase ne le gênant manifestement guère.

Quant au passage incriminé, il est effectivement faux, Brière ayant été relaxé en appel après une condamnation en première instance. La bonne foi du rédacteur a simplement été trompée par un article de Minute datant de 1996 et relatant ladite condamnation. Brière, l’auriez-vous cru, n’a jamais jugé utile de poursuivre Minute, ce qui semble n’avoir pas frappé les juges.

Pour une revue de qualité, mais à l’équilibre financier évidemment précaire, c’est un coup dur, nous sommes malheureusement bien placés pour le savoir. À travers cette censure économique qui frappe de plus en plus souvent, de plus en plus fort, ce sont des menaces de plus en plus précises qui pèsent sur la liberté d’expression. C’est désormais clair, il va falloir mener un combat, probablement de longue haleine, pour défendre cet acquis historique du mouvement social. Dans cet esprit, nous assurons nos camarades de l’École Émancipée de notre solidarité et de notre soutien fraternel.

François Coquet

Un bon moyen de soutenir l’École Émancipée, c’est de s’y abonner (300 F à l’ordre de Collette Malet, Le Stang, 29170 Plogastel-Saint-Germain pour 12 numéros)