Corvée de repacsage

Nous on n’a jamais eu besoin de signer un PACSRevoilà donc le PACS pour un deuxième tour de piste, qui s’annonce aussi pathétique que le premier (ce qui est en soi déjà un exploit). Résumons. Les socialistes, vexés d’avoir fait capoter un projet pourtant inscrit à leur programme électoral et de se l’être fait reprocher par leurs alliés qui ne manquent pas d’air puisqu ils étaient tout autant fautifs, ont décidé du reficeller un projet de loi tout seuls, comme des grands. Vexés, les Verts, le P.C.F. et les Rad-Soc présentent chacun leur projet. Les Verts ne veulent pas des frères et soeurs, le P.C.F. veut que ce soit en Mairie (à moins que ça ne soit l’inverse on ne sait plus trop). En fait, c’est l’art d’amender pour l’art d’amender. Ce dont nous avons besoin, c’est du droit de s’associer autrement que commercialement. Homos, hétéros, frères et sœurs, cul et chemise, etc. Et je persiste à dire que dès lors que l’individu est la cellule de base de la société, et non pas le couple ni la famille, je ne vois pas pourquoi trois, quatre ou plus de personnes n’auraient pas le droit d’avoir un projet de vie commune. Mais ça serait trop leur demander…

En face, on est pas plus uni. Christine Boutin s’offre cinq heures de gloire politique et il n’y a guère que ce pauvre Debré pour la trouver « bonne » (sic). Les autres se tapent un peu la honte de l’avoir comme copine, mais comme ils n’osent pas aller pisser pendant qu’elle cause, ils attendent que la gauche s’énerve pour demander des suspensions de séances. Que ces gens là ont une vie trépidante !

AntiPACS ou anti-homosexualité ?

Mais revenons ? brièvement ? à Mme Boutin, dont la foi catholique se lit dans l’or de ses bijoux. Et ça brille et ça cliquette : la vulgarité même. Mme Boutin, intellectuelle devant l’Eternel (qui avait sûrement besoin d’elle) livre à l’humanité reconnaissante la définition qui manquait encore à la psychanalyse de la sexualité, rien moins que le chaînon manquant, la quadrature du cercle.

L’homosexualité serait donc « l’impossibilité d’un être à pouvoir atteindre l’autre dans sa différence sexuelle » c’est-à-dire « l’expression de l’exclusion ». Donc, si je la suis bien, les homosexuels excluent plus qu’ils ne se font exclure. Les nazis en ont déporté 80 000 parce que, c’est bien connu, les nazis détestaient l’exclusion sous toutes ses formes et qu’ils voulaient en finir avec ces exclueurs. Tout comme ils voulaient en finir avec les juifs dont la judaïté serait, selon le même raisonnement puissant, l’impossibilité d’un être à pouvoir atteindre l’autre dans sa différence chrétienne.

Du coup, Mme Boutin donne de l’eau sale au moulin rouillé des pédophiles militants qui pourront la suivre on déclarant que la non-pédophilie c’est l’impossibilité à atteindre l’autre dans sa différence d’âge.

Ça valait bien cinq heures d’exposé, heureusement après l’heure du coucher des enfants, tant l’obscénité règne dans cette pensée simplette de serpent qui se suce la queue. Et puis, après le sérieux des débats, il y eut le folklore des séances houleuses.

La vision d’une Mme Boutin arc-boutée sur son pupitre qu’elle essayait de faire claquer le plus fort possible sans s’y coincer les doigts ne réussit cependant pas à faire de cette soirée un moment historique du parlernentarisme. On a beau dire ce qu’ont veut des staliniens, mais quand Jeannette Vermeersh, debout sur son pupitre, montrait son cuil à Herriot, ça avait quand même un peu plus de gueule.

Littéralement.

Andi B.