Le capitalisme nen fini jamais de rebondir sur les progrès de la technologie. Il les utilisent pour en dégager le plus grand profit, et sen attribue le mérite. À en croire, en effet, les grand prêtres du libéralisme cest grâce au marché, à cette fabuleuse mécanique soi-disant rationnelle que nous pouvons nous asseoir aujourdhui dans des trains à grande vitesse, surfer sur le net et biper sur notre téléphone portable. Sans capitalisme, point de salut, nous en serions encore à lâge des cavernes Enlevez la concurrence, nous dit-on, supprimez laiguillon de « lintérêt individuel », la perspective denrichissement personnel, ou encore la menace, pesant sur chaque travailleur dêtre licencié et de se retrouvé à la rue, et vous aurez la fainéantise généralisée, le chaos lanarchie !
Bien sûr, et cest aussi cela qui fait sa force, le capitalisme a prouvé une certaine forme « defficacité » productiviste. Mais les admirateurs de ce système oublient un peu vite ce qui nous parait pourtant être des problèmes essentiels !
Dabord, le capitalisme tue dans luf de multiples recherches et innovations dutilité sociale, tout simplement parce que les possédants nen voient pas les applications « juteuses » en terme de profit. Ensuite, il parait tout aussi évident que laccès aux « bienfaits du progrès », est fort loin dêtre équivalent pour tous. À société de classe, consommation et inégalités de classes Ils oublient encore plus vite que, même dans cette société, rien ne pourrait en réalité se faire sans cet élément essentiel de la vie sociale : la motivation. Ce nest pas le nombre de chefs au m2 qui permet à des millions de salariés, malgré la logique du système et souvent contre elle, dassurer des tâches dutilité sociale. Les patrons lont dailleurs bien compris, et cest pourquoi ils ne manquent pas de prendre en compte, à leur manière, le facteur de motivation Pour sen servir comme dune technique supplémentaire daliénation. Cest ainsi que le « management participatif », qui consiste à tenter dassocier les salariés aux objectifs de lentreprise, à des plans qualité en allant jusquà proposer aux travailleurs des « contrats moraux » dobligation de résultat, est devenue une arme appréciée du patronat.
Les pratiques de « certifications qualité » se généralisent dans tous les services publics et sont même devenues la pierre angulaire des processus de restructurations. La « qualité » sinscrit alors dans un corpus de valeurs ultra-libérales, accompagné dune langue de bois on ne peut plus hallucinante. Il y a quelques mois de cela, un rapport de lO.C.D.E. préconisait, pour le secteur de léducation, que « les étudiants deviennent des clients et les établissements des concurrents luttant pour obtenir une part de marché [ ]. Les établissements (devant être) incités à se comporter comme des entreprises ». De quoi nous motiver pour mener de nouvelles luttes