Cinéma

Vénus Beauté (institut)

Un film sur un Institut de Beauté. Une comédie enlevée. Une pépinière de rôles pour actrices de tous les âges et de toutes les beautées. Les trois esthéticiennes de l’affiche (Nathalie Baye, Mathilde Seigner, Audrey Tautou) sont aussi celles qui en blouses roses s’occupent des clientes plus ou moins en beauté, donc plus ou moins en demande et plus ou moins argentées. Le magasin-vitrine devient une sorte d’aquarium, l'étalage du rose cache l’espace clos d’ou l’on les voit travailler, sourire, vivre. Mais d’où partent aussi des stimulis propices au désir et aux rencontres.

Tonie Marshall a le génie d’inventer des rencontres insolites, surtout là où jamais encore personne n’a fait une rencontre, elle en provoque les plus belles : dans Pas très catholique un accident de la circulation créait un instant magique : Anémone, à l’origine de l’accident, dit de sa voix charmeuse : comme je suis contente de vous avoir rencontré ! et ça marche ! Dans Vénus beauté… Tonie Marshall crée une rencontre obstacle au début du film. Un homme est littéralement médusé par la présence ô combien parlante et vivante d’Angele (Nathalie Baye). Il ne la lâche plus, alors qu’elle essaie de le semer, troublée par tout ce qu’il lui rappelle, d’autant plus qu’elle est décidée à vivre le sexe seulement, avec l’eau froide le matin, en laissant l’amour au vestiaire, on apprendra pourquoi. Mais en matière de coeur, rien ne marche jamais comme prévu, donc, cette belle histoire d’amour est interrompue et entravée par tous les sketchs de toutes ces femmes pas ordinaires qui défilent à Vénus beauté… et se racontent et s’exhibent… comme la cliente d'W nue comme un vers qui se promène que la porte soit ouverte ou fermée… femmes en vitrine qui ne sont pas à vendre, qui voient bien plus qu’elles ne subissent les clientes et leurs caprices. La porte sas s’ouvre en musique et le va et vient n’est souvent qu’un passage. Qui sait ce qu’elles laissent dedans, qui sait ce qu’elles emportent dehors ? Un film qui donne des rôles magnifiques, toniques, douces amers à toutes les actrices qu’elles soient connues ou pas. Elles sont d’ailleurs toutes formidables, même si leur présence ne dure que le temps d’un sketch comme c’est le cas pour Edith Scob, Brigitte Rouan, ou Marie Riviere.

Dérision et tendresse sont les maîtres mots de ce film qu’on s'étonne de ne pas voir selectionné pour Berlin.

Heike Hurst - émission Fondu au noir (Radio libertaire)