À la petite semaine

Tintin et Astérix

En l’absence de problèmes sociaux d’importance depuis que tout va bien grâce à Jospin, le Parlement, qui en réalité demeure la seule véritable avant-garde éclairée, en a profité pour convier le pays à une réflexion intellectuelle élevée, celle qui de tout temps a fait ici l’admiration du monde entier, en organisant en son palais un colloque qui bien sûr a connu un immense succès. Il s’agissait de savoir si politiquement Tintin, le héros d'Hergé, était un aventurier de droite ou de gauche, un de Gaulle ou un Jean Moulin justicier.

Question toute primordiale, certes, mais on eût davantage apprécié que dans l’enceinte d’une institution de la république le sujet abordé fut plus spécifiquement français. Car Tintin est un peu étranger, rappelons-le, un peu belge, donc un peu immigré. Alors qu’Astérix, lui, est on ne peu plus français.

Mais les vrais amateurs de bande dessinée savent en vérité ce qui a dicté le choix des membres de l’Assemblée. Car opter pour le héros gaulois les eût mis dans l’embarras. Et forcés à reconnaître qu’ils ont tous été croqués, symbolisés dans le personnage du barde parasite Assurancetourix, qui eût pu s’appeler Mondepolitix, ces socialix et communix, ces César et Brutus, ces Cohn-Bendix et Dominix, ces centrix, ces Arletéalainkrivix, qu’il convient, pour que l'histoire finisse bien, pour qu’enfin ils se taisent et n’agissent plus, de ligoter et de bâillonner en les maintenant absolument à l'écart de la Commune libre en fête.

Floréal