Grande-Bretagne

Chômage ? Quel chômage ?

Quel amateurisme cette Martine Aubry ! Si elle avait fait, comme Tony Blair, ses études à Oxford, elle saurait que pour réduire le chômage, il faut faire travailler les chômeurs sans créer d’emplois.

Manifestation en Grande-Bretagne

On nous le répète à longueur de journaux, il y a du travail en Angleterre, d’ailleurs, tout le monde y court. On ne compte plus le nombre de petits français qui partent outre-Manche chercher le travail qu’ils ne trouvent pas chez eux. On n’a jamais compté en revanche, ceux qui reviennent moins d’un an après, un peu lassés de tirer des bières et de faire la vaisselle sept jours sur sept pour 30 F de l'heure en louant une piaule glaciale dans un appartement collectif pour 600 balles par semaine. L'herbe est toujours plus verte dans le jardin du voisin, jusqu’au jour où on réalise que c’est du gazon artificiel. Ainsi, le chômage des britanniques est, d’un point de vue comptable, bien différent du chômage des français.Il faut dire, quand même, que si les méthodes de calcul étaient restées les mêmes qu’en 1979 (date de l’arrivée de Thatcher), il y aurait trois millions de chômeurs. Ceci dit, en France aussi…

On a donc modifié la façon de compter, on a aussi casé des gens, beaucoup de gens, dans la catégorie des handicapés et autres inaptes au travail en leur donnant une allocation spéciale qu’ils perdaient si ils essayaient de retravailler. Les mères célibataires d’enfants de moins de cinq ans touchent aussi une maigre pension pour rester à la maison jusqu'à ce qu’ils aillent à l'école. L’absence de maternelles et de crèches favorisant peu le travail des femmes.

Aujourd'hui, les gouvernements, bien décidés à éliminer les chômeurs du paysage social, entend imposer aux handicapés (1,7 millions de personnes, soit trois fois plus qu’en 1979) de venir pointer au bureau de chômage avec les autres, et de prouver qu’ils cherchent du travail chaque fois qu’on les convoquera à des entretiens de vérification. Sinon, on leur coupera les vivres. Ainsi, les employeurs vont pouvoir embaucher des handicapés, toucher une prime du gouvernement pour récompense de leur âme charitable, et les handicapés retrouveront sinon leur mobilité, au moins la dignité qu’offre le travail salarié. Mais va-t-on vraiment leur proposer autre chose que de lécher des timbres ?

Le chômage des jeunes a été réduit de moitié depuis l’arrivée du gouvernement Blair. Il faut dire qu’ils sont obligés d’accepter absolument n’importe quoi. On a même pensé les forcer en cas d’insuccès à s’enrôler à l’armée plutôt que rester au chômage. Figurez vous que l’armée n’en veut pas ; ils sont trop maigrichons. Salauds de pauvres !" Le temps des allocations en échange de rien est révolu. " Tiens, le discours paraît familier. Pourtant, quand on regarde les chiffres, l'État britannique n’est guère généreux avec ses chômeurs puisque seulement 6 % du budget social leur est destiné contre 46 % aux vieux, 20 % aux familles et 26 % pour les frais de santé et les handicapés, sur un total de 950 milliards de francs (l’indemnité de chômage est la même pour tous, 500 F par semaine).

Bien sûr, il n’est pas (encore) question de revenir aux temps où pour toucher le chômage, il fallait avoir tout vendu et n’avoir gardé qu’une tasse et une couverture par personne. Mais tout de même, " il n’y a plus de droit inconditionnel aux allocations " selon le ministre Alistair Darling (c’est son vrai nom). Le petit darling à son Tony veut ainsi vérifier que les très handicapés le sont vraiment en instituant des examens réguliers (au cas ou les jambes des anciens mineurs repoussent à leur retour de Lourdes). C’est un peu humiliant, mais c’est pour la bonne cause.

Le gouvernement ne reculant devant aucune ambition, bientôt sans doute songera-t-il à vérifier que les retraités n’ont pas rajeuni à leur retour de Fatima. C’est chouette la gauche.

Andi B.