À la petite semaine

Le possible et l’impossible

Un homme qui, dans des circonstances dramatiques, a su courageusement profiter de sa périlleuse fonction de préfet durant l’Occupation pour tromper habilement les barbares nazis en désignant lui-même des victimes juives afin de mieux cacher son engagement de résistant ne peut raisonnablement être tenu pour responsable de la prétendue répression d’une manifestation d’Algériens en octobre 1961. Surtout à la tête d’une institution qui s'était elle-même distinguée par sa bravoure du côté du Vel'd'Hiv et de Drancy. Pourquoi pas, non plus, rendre ce même homme et cette même police coupables de la tuerie de Charonne ? Non, bien sûr, c’est tout à fait impossible !

Imaginer que des ministres et de hauts dignitaires du corps médical puissent prendre des décisions dictées par l’ambition, la volonté de paraître, des intérêts financiers considérables, au risque de contaminer une partie de la population, vraiment c’est bas, mais heureusement nul précédent ne pourra être trouvé pour étayer cette calomnie. Responsables, certes, mais coupables ? Non, franchement, c’est tout à fait impossible !

Pour nombre de couillus, violer une femme sans qu’elle le veuille un tout petit peu relevait déjà du domaine de la fiction. Des juges transalpins viennent de leur donner raison en lançant sur le marché de la juridiction le " jean antiviol ", grâce auquel le plus vieux crime du monde est désormais, de par la loi, tout à fait impossible.

Comment douter qu’un sclérosé en plaques cloué à son fauteuil roulant puisse soudainement retrouver ses jambes de vingt ans aspersion d’eau bénite et avec un petit coup de pouce de la Vierge Marie ? La preuve : avant ce soixante-sixième miracle officiel, il y a eu soixante-cinq autres. Oui, c’est donc tout à fait possible…

Floréal