Conte cruel de la jeunesse

On nous rabâche à longueur de journaux, télévisés ou non, quelques vérités premières sur la jeunesse délinquante. Ces jeunes gens seraient notamment " déstructurés " et " sans repères ". Ce discours omniprésent, prétendant au statut d'évidence, est calqué sur ceux concernant la fameuse " exclusion " sociale, dada des humanistes. Il souffre ainsi de même défaut : c’est un tissu de mensonges.

Notre monde a le bonheur de posséder deux cultures : celle que les maîtres élaborent à leur propre usage, et celle qu’ils font pour leurs esclaves. C’est cette dernière qui fait défaut aux " sauvageons ".

Nous le savons, le patron vole l’ouvrier, ou l’employé, jour après jour, en ne lui payant qu’une partie du travail réellement effectué : le reste constitue le profit, qui est donc le produit intégral d’un larcin. Le capitaliste peut à son choix réinvestir ce profit pour s’enrichir, ou tout claquer au casino pour s’amuser. Lorsqu’un gamin vole une voiture, il y a deux cas de figure : soit cette voiture est la propriété d’un exploiteur, il y a deux cas de figure. Soir cette voiture est la propriété d’un prolétaire. Dans ce dernier cas, elle est souvent le seul bien d’un peu de valeur de son propriétaire et représente en quelque sorte du temps de travail " cristallisé ".

Entré en possession du véhicule. Le voleur pourra à son choix le démonter et revendre les pièces pour s’enrichir ou bien faire un rodéo et la brûler pour s’amuser. En dehors de la contraction du temps d’exécution, qui rend certainement l’acte plus douloureux pour sa victime, où est la différence ?

Il ne se passe pas de semaine sans que l’on apprenne la constitution de nouveaux monopoles, par fusion d'énormes sociétés multinationales. Ces cartels mettent le monde en coupe réglée. Les délinquants s’organisent en bandes dans les quartiers. Quelle différence cela fait-il ?

Les patrons nous imposent l’exploitation sous la menace du chômage et de la misère : est-ce bien différent d’un hold-up ?" Les jeunes vendent de la drogue et la drogue tue " hurlent en chœur les marchands de canons, les bistrotiers et les industriels de l’amiante.

Les jeunes délinquants ont donc parfaitement assimilé les valeurs des maîtres, et en appliquant les recettes à leur échelle. Les seuls " repères " qui leur manquent pour satisfaire les bourgeois sont ces miroirs aux alouettes qui nous font prendre la pauvreté comme un cadeau du ciel. Quant au reste, ils ont bien compris que cette société vit de la lutte de tous contre tous. Væ victis, malheur au vaincu.

Les jeunes pauvres ont vu leurs parents trimer à l’usine ou au bureau sans jamais ramener beaucoup plus que le nécessaire. Ils les ont jetés comme de vieux sans quand le patron n’a plus au besoin d’eux. Hélas, quelques uns ont choisi leur camp : plutôt exploiteurs qu’exploités, plutôt voleurs que volés !

Ce n’est pas la délinquance qui fait peur aux gouvernants : chaque scandale nous rappelle leurs fréquentations douteuses. Non, ce qui les inquiète, c’est que cette délinquance recouvre du fait de la part de ses auteurs, un refus manifeste de se soumettre à l’exploitation. Même s’il est incontestable, ce refus s’inscrit dans la logique de la loi du plus fort : il n’est porteur d’aucune perspective d'émancipation sociale.

Ce qui effraie les politiques, c’est l'éclatement du consensus " démocratique ", où le prolo reste à sa place, vote à gauche et attend son salut de la République.

S’ils entendent nous protéger des " délinquants ", c’est de la même manière que le berger défend son troupeau. Soyez sûrs que les chiens de garde qui nous cernent sont autant là pour nous mener à l’abattoir que pour éloigner le loup.Le bourgeois n’est pas gêné par l’immoralité ; seule l’indécence le choque. Or la délinquance n’est pas autre chose que le vol capitaliste débarrassée des oripeaux du contrat social. Madelin en string avec des Nike…

Max - groupe d’Ivry