Liberté d’expression

Solidarité avec altern.org !

Altern.org est un fournisseur d’hébergement de sites Web gratuit, un des précurseurs de l’Internet en France, et surtout un des derniers alternatifs après la disparition de Mygale, devenue Multimania après un passage chez Havas… Pourquoi alternatif ? Parce que, contrairement à tous les autres prestataires d’un tel service, vous ne verrez pas l’ombre d’une bannière publicitaire chez Altern.org. Et qu’il n’y a pas non plus de contrôle sur le contenu des sites qui s’y ouvrent chaque jour par dizaine.

Il est donc logique d’y trouver les sites d’organisations libertaires, comme la Fédération anarchiste ( http://federation-anarchiste.org ) et la Confédération nationale du travail ( http://cnt-f.org ), mais aussi une foule d’autres initiatives proches de nous, comme AGIIT ( http://altern.org/agiit ), l’agence de presse alternative de l’ami Casquette (que les auditeurs de Radio libertaire connaissent bien), la maison des ensembles ( http://altern.org/mde.paris.12 ), le collectif 18e parallèle ( http://altern.org/18p ), ou encore le Lycée autogéré de Paris ( http://altern.org/lap ).

Or Altern.org vient d’être condamné en appel à verser quelques 400 000 F de dommages et intérêts à Estelle Halliday, au motif d’avoir hébergé un moment un site présentant des photos d’elle quelque peu dénudée… Evidemment, Altern. org n’est pas Paris Match, et une telle condamnation revient purement et simplement à lui faire mettre la clé sous la porte, et avec lui tous les autres sites hébergés sur le serveur, alors que celui incriminé à l’origine l’est depuis longtemps (en fait, dès que le responsable a été mis au courant) !

Au delà de la possible disparition d’une initiative qui nous est chère, c’est surtout la stratégie sous-jacente, faire appliquer à Internet une législation qui a fait ses preuves en matière de répression, celle sur la presse, qui est à redouter. En effet, ce n’est pas la première fois que la justice tente de rendre les responsables d’un serveur responsables du contenu des sites hébergés, de la même manière qu’un directeur de publication l’est du contenu d’un journal… Ainsi, en Italie il y a quelques mois, le serveur ECN (Electronic Counter Network) avait été saisi au prétexte qu’un tract diffamant envers une agence de voyage (en fait, il appelait à boycotter les voyages en Turquie pour dénoncer le massacre des Kurdes) y avait été reproduit. Cette fois, la mobilisation avait été suffisamment forte (un certain nombre de consulats et d’ambassades d’Italie ont vu leur boite à lettre électronique exploser…) pour faire avorter la chose. Il y a fort à parier que si ce jugement ne fait pas jurisprudence (le tribunal n’a pas retenu la responsabilité générale de l’hébergeur), d’autres s’ensuivront jusqu’à ce qu’il y en ait une d’établie en ce sens.

De la même manière que la législation sur la presse instituant les directeurs de publications fut adoptée pour corriger les lacunes de la précédente, jugée pas assez répressive (on ne retrouvait jamais les journalistes signataires des articles mis en cause), l’Etat se donne aujourd’hui les moyens de combattre une forme d’expression qu’il ne maîtrise pas. Un instant dépassé par la technique, la censure revient au galop !

Guillaume - groupe Louise Michel (Paris)

A l’initiative d’Altern.org, un site consacré à la défense de la liberté d’expression s’est mis en place à http://altern.org/defense . On peut y trouver les attendus complets du jugement, une pétition de soutien, ainsi que l’inventaire de toutes les initiatives de soutien mises en place. Et aussi un appel à soutien financier, par des promesses de dons…

Le comité de soutien, lui, se trouve à http://www.comite-altern.sgdg.org . On y trouve un communiqué destiné aux signatures collectives (organisations, associations, etc..) et bientôt les coordonnées du compte bancaire destiné à recueillir le soutien financier.