La lutte des sans-papiers

Quand la lutte humaine se conjugue avec la lutte sociale

Le vendredi 12 février 1999, à 20 h 30, s’est déroulée dans notre local à Perpignan une réunion débat sur la lutte des sans-papiers après la projection de la vidéo " Partis les mains vides ". Plus d’une cinquantaine de personnes s'étaient déplacées et parmi elles, une quinzaine de compagnons sans-papiers, membres du Collectif.A la tribune, pour introduire et animer les débats, Edward (pour la Fédération anarchiste), Gabriel ( du Comité de soutien) et Moktar (porte-parole des sans papiers). Dans la salle, outre les adhérents et sympathisants de la Fédération anarchiste se trouvaient des compagnons de la CNT, des militants de Ras I'Front, de la LDH, de la LCR, des Verts, d’un Pont de Mer, du PC… et de nombreuses personnes non affiliées. . .Une réunion qui a duré jusqu'à minuit et qui a permis de faire connaître les raisons fondamentales de notre engagement aux côtés des sans-papiers et d’aborder de manière unitaire la suite de cette lutte, localement, à Perpignan, et nationalement.Le texte qui suit a servi d’introduction aux débats.

La lutte des sans-papiers a été, dès l’origine, une lutte dans laquelle et pour laquelle les anarchistes, se sont engagés totalement. Les raisons en sont nombreuses mais il suffit ici d’en décliner quelques-uns unes : les plus importantes et représentatives.

En premier lieu cette lutte se caractérise par la volonté d’individus de remettre en cause des décisions gouvernementales et, ce faisant, de s’opposer à l’arbitraire étatique…

Elle est une lutte individuelle et collective à la fois.

Elle pose concrètement la revendication politique de la libre circulation des Hommes. Elle initie la lutte pour une société sans aliénation, sans frontières. Une société faite d’Hommes libres, d’Hommes solidaires qui ne se soucient pas de valeurs ou de références " nationales ", d’appartenances " religieuses " mais au contraire qui s’articulent autour de l’appartenance à un même camp : celui des exploités, celui des êtres qui subissent l’aliénation au quotidien.

La lutte des sans-papiers se déroule formellement de manière égalitaire. Elle initie la pratique de la démocratie directe par le biais de l’assemblée générale souveraine et favorise l’émergence de la responsabilité individuelle au sein de la responsabilité collective.

Elle est fédéraliste dans le sens où les relations entre les divers collectifs et comités ne se font pas sur la base de décisions centralisées, appliquées de manière mécanique. Au contraire, elle favorise le débat, l’initiative locale dans la cohérence générale. Les initiatives locales ou départementales s’intègrent bien au sein des démonstrations à caractère national…Elle permet aux organisations et associations qui sont favorables aux changements sociétaires de lutter ensemble, de manière unitaire, dès lors qu’elle n’offre pas de prise à la surenchère politicienne.Elle est l’équation parfaite entre :

Internationaliste, égalitaire, fédéraliste, unitaire, collective, socialement et individuellement démocratique la lutte des sans-papiers offre, c’est évident, des perspectives sociales " libertaires ", dans un futur proche au niveau européen et dès aujourd’hui ici à Perpignan et la réunion de ce vendredi 12 février 99 au local de la F.A. des Pyrénées orientales en est l’exemple le plus parlant.

Régularisation pour tous les sans-papiers qui en font la demande et unité aujourd’hui et demain, pour créer les conditions sociales des changements sociétaires.

Pour un autre futur, une société humaine et universelle qui permettra aux individus de vivre et circuler en fonction de leurs désirs et non des décisions restrictives des États et des " condottieri " capitalistes.

Groupe Puig Antich (Perpignan)