Nous deux, organe central de la révolution

Il y a quelques temps, à la question : " où va la LCR ? ", nous répondions : " au Parti socialiste ! "

Tu sais, ami lecteur, que la donne à changé depuis : ils n’iront plus seuls. Il s’est trouvé un échantillon de soi-disant révolutionnaires prolétariens, pour qui seule compte l’organisation du Parti de la classe ouvrière, fustigeant en toute occasion " l’opportunisme petit-bourgeois ", il s’est trouvé des plaisantins, donc, pour conclure une alliance avec ces amateurs de bourdieuseries.

Contre la bourgeoisie ? Non, seulement pour la soupe, la gamelle, la thune, le fromage, l’oseille, l’artiche… Si Wladimir Illitch l’autorise, il dépasseront ensemble les 5 % de suffrages qui, s’ils ne permettent pas de faire la Révolution ni de bâtir l’État ouvrier, ni de se lancer à marche forcée dans l’édification socialiste, permettent plus prosaïquement de se faire rétribuer par l’État, de gagner quelques places juteuses, et de se lancer dans la grande aventure des combinaisons gouvernementales.

Pourquoi ? Pourquoi l’État paie-t-il les frais des officines électoralistes ? Pour service rendu à la Patrie. Pour les remercier de la contribution qu’elles apportent au guignol politique, à cette " démocratie bourgeoise " que Lutte ouvrière voue aux gémonies. Pour renforcer les liens de la famille, aussi, comme un notaire de province pensionne son fils " monté étudier à Paris ", qui jette sa gourme avec les gauchistes, mais saura retrouver le chemin de la table paternelle.Que feront les élus " révolutionnaires " ? Ce qu’ils font déjà dans les Conseils régionaux : rien. Ils émargent. De toute façon, ils se targuent de savoir que ces hémicycles ne sont pas des lieux de pouvoir véritables, qu’ils ne sont qu’un leurre destiné aux gogos. Ce qui ne les empêche pas d’en revendiquer, risible comédie, la présidence. Au nom de l’autonomie ouvrière…

Marx a dit, s’adressant à Lénine au travers d’un buisson ardent : " Tu participeras aux élections et tu enverras tes députés au Parlement ". Et les apôtres opinent.

Continue donc, petit soldat rouge, à servir l’État des bourgeois. Rampes dans la boue du parlementarisme. Tu trahis la cause ouvrière. Et puis tu es grotesque.

Max Lhourson - groupe d’Ivry