Ça y est: on connaît enfin la vérité sur le temps de travail des
fonctionnaires. Le rapport de la mission interministérielle nous confirme ce quon
entendait dans les discussions de comptoirs à savoir que les fonctionnaires sont des
fainéants. Ils travaillent en moyenne, selon ce rapport, entre 35 et 37 heures par
semaines contre 40 dans le privé. Après les immigrés et la jeunesse, le gouvernement de
gauche se trouve un nouveau bouc émissaire avec les fonctionnaires.
Lanti-fonctionnarisme nest pas nouveau. Il est cyclique et revient en force à
chaque période de montée du chômage. Pour le gouvernement, ce rapport est un outil
tactique pour nous marteler que les fonctionnaires sont des privilégiés et que par
conséquent ils sont les malvenus pour demander davantage à lÉtat-patron.
Cest aussi un outil stratégique pour faire des gains de productivité dans la
fonction publique et contester les acquis obtenus au cours des luttes. A terme, les
patrons et les hommes politiques à leurs bottes (les seuls privilégiés) rêvent
den finir avec le statut de fonctionnaires pour les mettre en concurrence avec ceux
du privé.
Le démantèlement des services publics étatiques sinscrit dans la logique du toujours moins dÉtat, du toujours plus de profits. Ainsi, les patrons sengraissent tandis que les salariés sont traités comme une main duvre corvéable à merci. Sils rechignent à la tâche, pas de problème puisque des millions de chômeurs sont prêts à prendre la relève à nimporte quel prix. Lutter contre la privatisation des services publics, cest refuser de voir revues à la baisse les conditions de salaires et de travail de lensemble des salariés.
Mais, pour nous anarchistes , il ne sagit pas de défendre ces services publics conçus par et pour lÉtat. Un service public digne de ce nom doit relever dune gestion de lintérêt général au service de la population. Or, lEducation nationale reste une école de linégalité des chances: 10% seulement des enfants des classes populaires à luniversité. Lhôpital soigne mieux les riches que les pauvres. EDF ne jure que par le nucléaire en dépit des risques inhérents pour lenvironnement et les populations. La SNCF ferme les lignes non rentables et fait raquer le voyageur tandis quelle fait des cadeaux aux entreprises qui lui confient leur fret. Quant à la police, la justice, les douanes, larmée et ses usines darmement, elles ont montré leur inutilité sociale. Très loin de satisfaire les besoins de tous, les services publics dÉtat sont de plus gangrenés par la centralisation, les rapports hiérarchiques, le corporatisme. La délation est une pratique courante chez les fonctionnaires zélés.
Bref, à ces prétendus services publics, nous voulons légalité daccès à léducation, à la santé, aux transports, au logement, à la sécu et à la retraite. Pour cela, ils doivent être totalement gratuits. Refusant toute étatisation ou cogestion patronale, gérons nous-mêmes tous les services aux personnes au moyen dassemblées générales regroupant les individus qui y travaillent et les usagers potentiels. Les administrés élus par lassemblée ne font quappliquer les décisions qui y sont prises. Les mandatés étant révocables à tout moment par lassemblée générale, il ne peut y avoir de dérives vers une gestion au bénéfice de quelques-uns.
Nous, salarié(e)s, qui produisons déjà toutes les richesses, nous navons pas besoin de lÉtat et des patrons pour assurer lensemble des tâches nécessaires au bon fonctionnement de la société.