À la petite semaine

Militantisme de caniveau

Pour ne prendre, en partie, que l’histoire de ce siècle finissant, il y eut en 1914 des partisans homosexuels de l’union sacrée, de la boucherie patriote. Plus tard, en Italie et en Allemagne, des fidèles du Duce homosexuels et aussi, bien que peu nombreux sans doute, des nazis homosexuels. On trouverait sans peine des pétainistes homosexuels, des combattants franquistes homosexuels, des tenants de l’Algérie française homosexuels. Et puis des oustachis homosexuels, des lepénistes et mégrétistes homosexuels, des gardes rouges et des polpotistes homosexuels.

Ce qui nous gêne chez tous ces individus politiquement engagés ne réside en rien dans le type de sexualité qui leur est commun, mais dans le simple fait qu’ils furent ou restent, au même titre que les salauds hétérosexuels opérant à leur côtés, militaristes, fascistes racistes, tortionnaires, agents et complices de monstruosités avérées, des pires dérives autoritaires dont beaucoup d’homosexuels, engagés ailleurs ou pas, eurent à souffrir.

Mettre en avant la sexualité « marginale » d’un homme politique ennemi d’une cause pour laquelle on se bat, c’est en faire une circonstance aggravante de son ignominie, réelle ou supposée. C’est indiscutablement ignoble. C’est franchement dégueulasse. C’est Act-Up. C’est l’avant-garde du militantisme de caniveau.

Floréal