Faits d’hiver

Graine d’ananar

Dans les années trente Robert Jospin était secrétaire général de la Ligue Internationale des Combattants de la Paix. En novembre 1949 il soutint le combat de Garry Davis, cet américain un peu fou qui se voulait citoyen du monde. Dans la foulée il fit des conférences sur (en faveur de) l’objection de conscience…

A l’évidence ce pacifiste absolu, ce vieux libertaire, avait le regard planté dans les étoiles et …manquait cruellement de « réalisme ».

Dans les années 90, Lionel Jospin, le fils de Robert, après un apéro chez les Troskos et une formation d’apparatchik lisse dans la mitterandie, s’est retrouvé premier ministre, en attendant d’être notre prochain président.

Lionel, c’est clair, est un réaliste qui pense que deux acres en Middlesex vaudront toujours mieux qu’une principauté en utopie.

Depuis bientôt deux ans qu’il gouverne la troisième puissance du monde il a donc eut cent fois l’occasion de démontrer tout cela.

Un employé en contrat à durée déterminé (CDD) travaillant depuis trois ans à la Poste de La Rochelle (Charente Maritime) vient d’obtenir la condamnation de son employeur devant le tribunal des prud’hommes. 121 contrats de travail avec la poste (service public géré par le pouvoir politique), en violation complète du code du travail qui précise que « le CDD ne peut avoir pour objet ni pour effet de pourvoir durablement à un emploi lié à l’activité permanente de l’entreprise », même devant la justice bourgeoise, ca fait désordre.

Joaquim va donc être titularisé.

Tant mieux pour lui !

Et tant mieux pour tous ceux, innombrables espérons-le, à qui ca va donner des idées.

Mais bonjour la claque pour Lionel.

Exercer le pouvoir au plus haut niveau pour n’être même pas capable d’empêcher une administration subalterne d’en prendre à son aise avec la légalité, ca prête carrément le flanc à l’ironie !

Lionel, Robert, du point de vue du réalisme comme de celui de l’honneur, ça fait pas photo.

D’un certain point de vue ca rassure par rapport à l’ineptie d’un quelconque lien du sang au grand bal du rêve anarchiste.

Jean-Marc Raynaud