Michel Beurier, syndicaliste de la CGT, a lindécence de ne pas se fondre dans le paysage politiquement correct et gauche plurielle en refusant de considérer limmigration comme un problème et la loi Chevènement comme une solution juste et équilibrée. Un syndicaliste qui ose penser que le chômage et la misère sont le fait dune stratégie économique et politique du patronat et non des immigrés Immigrés, qui, malheureusement pour eux dans une France où les relents de vichysme, de colonialisme sont savamment entretenus, ne sont pas « aryennement » correct
Un syndicaliste qui a lindécence de manifester publiquement ses opinions en août dernier par sa présence au tribunal administratif lors de la comparution dun sans-papier. Le sans-papier prend la poudre descampette à la faveur dun mouvement de foule. Les lois que Michel Beurier combat servent alors à le traîner devant le tribunal correctionnel, le 8 mars dernier. Il risquait 10 ans demprisonnement et cinq millions de francs damende pour aide au séjour irrégulier et cinq ans demprisonnement et 300 000 F pour violence sur agent.
Le procès a permis de montrer la grossière manipulation de la DICCILEC pour faire accuser Beurier. En effet, le policier, malgré une soi-disant subluxation de l'épaule, peut encore passer les menottes à Beurier (une subluxation: en résumé, vous nen êtes pas au point de demander quon vous achève mais vous vous tordez quand même de douleur sur le sol), et va chercher des médicaments relativement banals le 24 août le jour de la plainte déposée par la DICCILEC, comme par hasard. Les avocats ont par ailleurs attaqué la loi Chevènement qui vise, au-delà de soncaractère xénophobe, à criminaliser le soutien politique aux sans-papiers au travers de larticle 21 (qui criminalise « laide au séjour irrégulier »). Le procureur a, devant le ridicule de laccusation, dû se cantonner à réclamer une « amende significative ». Jugement le 22 mars.
Le lundi 8 mars, une manifestation denvergure nationale a eu lieu à Clermont-Ferrand pour soutenir Michel Beurier. Pour loccasion, la CGT avait mobilisé en masse : 10 000 à 15 000 personnes ont répondu à lappel. Nous avons mobilisé à la mesure de nos moyens avec des camarades venus de Lyon, de Saint-Étienne, de la Creuse. Quant à nos fins, elles n'étaient apparemment pas semblables à celle dune grande partie des manifestants Eh oui, tous ensemble pour la régularisation de tous les sans-papiers et labrogation de lois racistes ou pour permettre à la CGT une démonstration de ses forces ! CGT qui demande poliment la régularisation des sans-papiers en ayant fait la demande. Ce jour là, paradoxalement, on a préféré parler politique dans lenceinte feutrée du tribunal, à labri des caméras, micros
Ce procès naurait jamais dû avoir lieu. Il sinscrit en fait dans une volonté de criminalisation du mouvement social et de ses pratiques de luttes. Ainsi, des individus sont jugés sur Paris pour leur intervention dans les collectifs anti-expulsions, des syndicalistes de Marseille sont inculpés de séquestration pendant une grève, dautres le sont pour avoir voulu se réapproprier les moyens de production (inculpation de vols ou recel) dans un tel contexte de répression, il importe de ne pas laisser faire ! Sobstiner à donner un cadre légal à nos luttes, comme le fait la CGT, profitera uniquement à certains « camarades » ministres et bureaucrates syndicaux Mais lors de procès joués davance, seule notre action politique pour un autre futur permet un peu de justice.