21 mars : manifestation à Pontivy

Pour une eau de qualité !

Eau cracra en BretagneLe Collectif Eau Pure de l’Ouest et Cohérence appelle à un grand rassemblement régional le 21 mars à Pontivy 15 heures. L’appel sur des bases larges « Pour l’eau pure, la santé, l’emploi et pour un développement rural harmonieux » a au moins l’intérêt de répondre à une situation préoccupante. Les conflits d’intérêts autour de l’eau, dans les années à venir, vont se cristalliser et prendre une réelle ampleur. Effectivement l’eau, ressource indispensable à la vie humaine, se raréfie. Cette situation devient de plus en plus critique en Bretagne parce que se conjuguent plusieurs facteurs. La pollution des eaux prend des proportions jamais atteintes avec des rivières qui dépassent 52 mg de nitrates par litre. La logique capitaliste et du profit pousse à produire, à augmenter les rendements sans se soucier des conséquences écologistes. La Bretagne, c’est aujourd’hui : 12 millions de porcs, 500 millions de poulets, 10 millions de canards… Les déjections animales en Bretagne représentent l’équivalent d’une locomotive tirant 12 000 km de wagons remplis à ras bord ! Les firmes agro-alimentaires augmentent leurs gains sans aucune autre considération que celle du profit ! Les pouvoirs publics, quand ils ne sont pas eux-mêmes pollueurs, sont au moins complices. À titre d’exemple plus de 40 % de la production agricole s’est développée en Bretagne au-delà des autorisations légales…

Consciente des enjeux politiques et sociaux qui peuvent se concrétiser autour de l’eau, l’Union régionale Bretagne (URB) de la Fédération anarchiste appelle les libertaires et sympathisants à se joindre à ce rassemblement. Nous serons présents pour réaffirmer nos analyses. L’origine de la pollution de l’eau est à chercher dans une société productiviste. Le courant non productiviste est un courant majoritaire dans le milieu écologiste (pris au sens large au-delà des Verts).

Ni libéralisme, ni étatisme

Bien sûr des divergences existent aussi bien sur le fond (peut-on lutter contre une logique productiviste sans s’attaquer à ce qui génère une telle politique, le capitalisme ?) que sur la forme (réformisme, l’illusion de l’électoralisme). Mais l’URB de la F.A. a décidé de mener une campagne sur l’eau et le service public. Car l’eau au même titre que le logement, les soins, les transports… doit être un droit. Or l’eau (source inépuisable dans nos « contrées » il y a quelques décennies…) commence à devenir une denrée pour riche. Sa qualité diminue et ses coût augmentent à la fois à cause des nécessités de traitement mais aussi parce que privatisée, l’eau est devenue elle-même une marchandise ! L’eau est un droit qui doit relever d’un service public et non livré à des grosses structures financières comme Vivendi. Or le service public est au centre d’enjeux fondamentaux. Et l’URB de la FA dans son intervention le 21 mars 1999 à Pontivy souhaite poser le débat sur ce thème : la lutte au sein des services publics se résume trop à une bataille entre d’une part les défenseurs du libéralisme qui tendent à une privatisation de l’ensemble des services publics pour les soumettre au marché et d’autre part les défenseurs du tout État qui dans la défense d’acquis appellent au renforcement de l’État.

L’alternative est maigre et il est urgent d’imposer dans ce débat nos principes.

Ainsi le débat sur le service public n’est pas entre nationalisation ou privatisation, mais bien sur la gestion, hors du modèle capitaliste ou étatique… Tout en ayant un coût, la seule véritable question qui doit être posée est celle de son financement pour répondre efficacement aux demandes des usagers et surtout à celles et ceux qui en ont le plus besoin… Pour garantir que le service public réponde véritablement à cette exigence fondamentale, seule la gestion collective, par les usagers eux-mêmes, à travers leurs organisations ou associations et leurs représentants, et dans le respect de la finalité du service, peut permettre qu’il en soit ainsi… Et l’eau de mauvaise qualité et de plus en plus chère est sans aucun doute le reflet de notre société…

Théo Simon, pour l’Union régionale Bretagne