Pas de justice, pas de paix !

Un prof, à la pédagogie musclée, qui gifle un de ses élèves. Une mère qui s’en indigne. L’institution scolaire qui fait la sourde oreille. Des familles du quartier qui manifestent devant le collège. La police qui gaze le regroupement et use de violences. Des commandos du GIPN qui interpellent, six jours plus tard au saut du lit, des personnes ayant participé au rassemblement… L’action se passe en juin 1998 dans le quartier de Hautepierre, à Strasbourg. Elle est le prologue du drame que vont connaître trois familles de ce quartier défavorisé.

Après une garde à vue particulièrement éprouvante, la machine judiciaire prend le relais de ses sbires policiers. Présentés en comparution immédiate, cette justice pour pauvre, les prévenus se voient poursuivis par la flicaille pour violences aggravées… Mme Rekeb, 50 ans, mère de Rachid, l’élève victime de la baffe, prend trois mois ferme et huit mois avec sursis (pour violence sur sept policiers !). Ali et Kader Rekeb, les deux fils aînés, sont condamnés à un mois ferme et deux mois avec sursis. Deux amis de la famille ont été respectivement condamnés à neuf mois de prison dont un ferme et dix-huit mois dont six ferme.

Mme Rekeb a fait appel. Sachant qu’un juge revient rarement sur la décision de ses collègues, Mme Rekeb table sur la procédure et demande l’annulation des chefs d’inculpations. En effet, depuis le début de cette malheureuse affaire, à la sourde violence de l’administration scolaire et à la sauvagerie policière, se sont surajoutés toute une série de dénis de justice. La relaxe et l’annulation des chefs d’inculpations n’effaceront pas la honte et le traumatisme des nombreux mois de prison déjà effectués.

Comme les cabales médiatiques organisées contre les jeunes, dont ils ont fait de Strasbourg un stéréotype, l’affaire de madame Rekeb est assez représentative de la volonté du pouvoir d’organiser un véritable dressage social. L’État criminalise tout mouvement social, et perpétue l’idée chère à la bourgeoisie, que toute classe laborieuse reste un classe dangereuse. Au besoin, les médias serviles savent grossir, déformer ou fabriquer le danger.

Contre une justice à deux vitesses, rassemblement de soutien à Madame Rekeb, à la cour d’appel de Colmar le 23 mars à 8 h 30.

Jérôme - Festival Permanent Contre les Lois Racistes (Strasbourg)