La revendication
de la réduction du temps de travail avait porté ses fruits lorsque le rapport de force
était en faveur des salariés. En 1936, il y avait plus de 1200 entreprises en grève, et
sous la pression du mouvement ouvrier, le pouvoir instaurait les 40 heures, sur cinq jours
dans la majorité des cas. Actuellement, la réduction du temps de travail nest plus
impulsée par les salariés.
Elle est présentée comme une réponse au problème du chômage, avec un vieux fond de morale chrétienne : " partagez " votre travail entre vous, autrement dit : acceptez de baisser vos salaires au nom de la sacro-sainte " solidarité nationale " et laissez les riches dormir tranquilles !
LEtat na quun seul objectif : gérer la réalité économique mondiale et les intérêts du patronat. Ainsi, le financement de la réduction du travail, dixit Martine Aubry, ne doit rien coûter à lemployeur qui doit même y gagner : en accroissant la productivité de " ses " employé (e) s, en utilisant plus longtemps les équipements, en bénéficiant dabattements importants et en pratiquant, de surcroît la modération salariale Le gouvernement tient également à ce que ces aménagements du temps de travail soient débattus au cas par cas. Martine Aubry a clairement affiché sa préférence pour la négociation entreprise par entreprise, là où le rapport de force est, bien évidemment, le plus favorable à ceux qui nous exploitent. Avec la casse des conventions collectives, cest la remise en cause des faibles acquis obtenus jusque-là.
Bref, les résultats de la loi Aubry, nous les connaissons ; des baisses ou des gels de salaires, des pauses supprimées, des journées pouvant faire dix heures mais aucune " heure sup " payée (cest la magie de lannualisation !), le travail le samedi et le dimanche, des congés pris nimporte quand etc. Ce qui nempêchera pas les patrons de monter leurs boites dans les pays où la main-doeuvre est encore moins chère !
Le gouvernement organise aussi une offensive sans précédent contre les travailleurs de la fonction publique : ces " salauds de fonctionnaires " qui voudraient eux-aussi les 35 heures alors quils flânent toute la journée ! Là encore (avec le rapport Roché) le pouvoir cherche à nous diviser. Il cherche aussi à casser tous les services publics dutilité sociale. Cela nest pas sans rappeler les discours fascisants sur les " sauvageons ", désignés comme responsables de tous les maux, ce qui évite de parler du sort réservé à ces jeunes : emplois précaires, intérim, emplois-jeunes, CES Quel avenir !La loi Aubry (plus la seconde loi qui se prépare pour la fin 1999) est une possibilité supplémentaire pour les patrons de se remplir les poches. Mais, plus grave que cela, cest une attaque qui veut briser toute résistance des salariés aux lois dictées par le système capitaliste.
Cest pourquoi nous devons nous unir, salariés, chômeurs, précaires, étudiants, lycéens et sans-papiers, fédérer nos luttes pour construire un mouvement révolutionnaire et libertaire. Cest sur nos luttes et elles seules que nous devons compter et non sur un gouvernement, de droite ou de gauche. Nous naurons que ce que nous prendrons !