Le 8 février, M. Naudi, maire de Tarascon et président du Conseil général, déclara à la presse que " l'équilibre ariégeois était menacé ". M. Naudi précise que " le budget social est en passe de prendre le pas sur le budget de linvestissement, ce qui est une dangereuse dérive " dans un département comptant 33 % dinactifs. M. Naudi annonce une hausse de 18 % de Rmistes " dune année sur lautre " sans toutefois donner le pourcentage de Rmistes par rapport à la population de lAriège où des 33 % dinactifs.Cela lui permet de mettre en cause toutes les personnes venant sinstaller en Ariège en les rendant responsables de cette " dérive budgétaire ".
M. Naudi n'hésite pas à parler " dinvasion ", de " mutants indésirables des cités, de populations sans repères sociaux et en errance ". Selon lui, " ce flux migratoire est un élément perturbateur ". Enfin, il assène : " par ailleurs une part de limpôt prélevé est en partie consommé par des gens qui ne paient pas limpôt. Or limpôt est un élément de justice " !La Gazette Ariégeoise du 12 février 1999 titre : " le phénomène des "réfugiés économiques" inquiète le président du conseil général ". La rédactrice de larticle, après avoir précisé que le " département doit faire face à une demande daide sociale de plus en plus pressante " (paroles de Naudi), écrit : " Or, cette demande nest pas le fait des Ariégeois, mais dune population qui vient sy réfugier (comme à l'époque elle se réfugiait sur les régions de la côte méditerranéenne) ".M. Naudi, quant à lui, achevait sa déclaration de presse en concluant que l'État devrait accorder plus daides aux départements pauvres " sujets à ce type de flux migratoire ", en persistant dans une présentation des faits plus que malsaine.
Une fois de plus, nos politiciens, non contents de gérer une société dexploitation capitaliste qui jette les gens à la rue en les privant de toute possibilité de travail et de revenus décents, sacharnent sur les plus pauvres dentre eux.
Le coup est porté, les boucs émissaires désignés et la grande farce de lidentité territoriale redéployée afin que les haines les plus primaires se focalisent sur " l'étranger au terroir ", sur les dits " mutants ", les indésirables, du moins sils ne sont pas porteurs de vie économique et de rentabilité !
Les hommes politiques jouent systématiquement avec les réflexes identitaires et ne cessent dinventer de nouvelles classifications, rejetant des individus ou des populations hors du champ humain en risquant de rejoindre le passé bourbeux des théories de la sous-humanité.
Nous connaissions les sociétés en mutation, les mutations dues aux produits chimiques ou nucléaires mais la " mutation humaine " décrite par M. Naudi relève de l'hallucination politicienne dont les militants du Front National sont fréquemment atteints lors de délires vocaux incontrôlés ou sciemment calculés
Ce même 8 février se tenait également une réunion rassemblant à la même tribune M. Naudi, M. Jean-Louis Chauzy, président du conseil économique et social régional, ainsi que le préfet, afin de mettre au point les axes de travail avant la signature du 4e contrat État-Région. Toujours selon la même rédactrice de la Gazette, M. Naudi déclara " quil n'était pas question de balkaniser lAriège, pas question de travailler dans lanarchie ".