Eau, transports, santé, éducation, logement, culture, système bancaire, etc. Si la notion de service public est au cur des principales luttes de ces dernières années (depuis novembre-décembre 1995), cest bien parce quelle est porteuse d'égalité sociale, nen déplaise aux bourreurs de crânes du libéralisme.
Dans une civilisation qui se dit évoluée, les services aux publics (donc non marchands, universels, daccès libre) sont un droit inaliénable. Ils garantissent l'égalité des citoyens et sont facteurs dentraide sociale. Ils touchent toutes les activités indispensables à la vie en société : l'éducation, le logement, la santé, les transports, laccès aux communications, mais aussi la gestion de la ville (au sens large), la gestion des ressources naturelles, la distribution alimentaire, de l'énergie, etc.
Pour les anarchistes, la différence entre État et service public est fondamentale. Ce nest pas la qualité du " propriétaire " qui nous importe (capitaux privés ou d'État), mais la fonction dutilité sociale pour la population. Aussi, si nous combattons la privatisation ou lintroduction du capitalisme dans le secteur public, nous ne menons pas pour autant une campagne pour la re-nationalisation de ces services. Nous prônons la socialisation des moyens de production, donc du service public.
Un service peut très bien être détenu par l'État (ou une collectivité locale) et se donner comme objectif de fonctionner selon les critères dune entreprise privée : faire des profits, cest-à-dire mettre en avant la rentabilité financière sous couvert de modernisation. Nous nen connaissons que trop dexemples, de la Poste aux Universités ! Ce nest plus un cas d'école, mais déjà la réalité : combien de dirigeants des services publics tentent-ils des opérations marketing vers des usagers renommés " clients " ? On parle alors " d'écoute du client " mais en ne prenant en compte que les consommateurs rentables. La logique gouvernementale est dimposer la rentabilité financière aux services publics, de faire payer le citoyen et dimposer aux salariés une remise en cause de leurs conditions de travail. Notre volonté est de mettre le citoyen au centre des préoccupations du secteur public afin de définir son action en fonction de nos besoins et non de ceux du capitalisme ni de l'État.
À la question : " quelle est la revendication immédiate qui permet de donner un sens libertaire au service public ? ", la réponse est rapide et claire : la gratuité. Les anarchistes le disent depuis le début, il ny a pas de liberté pour les individus sans égalité. Il ny a pas non plus d'égalité des droits sans égalité sociale. Or dans le cadre du système capitaliste, la gratuité est la seule garantie d'égalité. Cest donc à nous dimposer aux principaux bénéficiaires du capitalisme quils payent pour tous les usagers leau, l'éducation, la santé, les transports publics, les télécommunications Déjà aux États-Unis les télécoms offrent la communication " locale " gratuite. Le gouvernement Italien a mis ce point à lordre du jour. Quattend France-Télécom ? Comme d'habitude, cet ancien service public soccupe plutôt de ses gros clients (les entreprises Intranet et les communes), et non des usagers. Les réseaux existent et sont déjà rentabilisés par les transmissions professionnelles : les communications gratuites pour les usagers sont supportables dès maintenant par France-Télécom. A nous de limposer, comme nous devons imposer l'éducation vraiment gratuite, mais aussi leau potable et gratuite pour tous
Le service public, cest de leau pour tous, le service au public, cest des de leau gratuite et de qualité pour tous, le service dutilité sociale, cest quand leau est gratuite et de qualité, en faisant payer les multinationales fabricantes de pesticides et en virant les politiciens qui, au nom de laménagement du territoire, transforment la Bretagne en une mare de nitrates. Il est temps de débarrasser le service public des politiciens, donc de l'État et de la logique de rentabilité financière, donc du capitalisme !