EDITORIAL
La rentrée scolaire, à défaut
d’être mouvementée, est vécue dans l’angoisse et la
tension par tous les acteurs qui y participent. Les fermetures de classe,
les difficultés d’inscription, la mise en application des réformes
font de ce passage obligé, un parcours du combattant pour les élèves,
les familles, et les personnels de l’éducation. Tous doivent gérer
la pénurie qui s’installe.
Après une année d’effets
d’annonce et de stigmatisation du système éducatif, on y
voit désormais plus clair sur les objectifs du gouvernement. Les
fausses maladresses du ministre, toutes ses prétendues innovations
pédagogiques entérinent une politique du bouleversement permanent
qui, en rendant la situation ingérable, accélère le
démantèlement d’un des principaux services publics.
Sous couvert de modernisation, il s’agit
pour la gauche d’introduire la flexibilité, la hiérarchisation,
premiers pas vers la privatisation. Le capitalisme qui ne peut survivre
qu’en conquérant de nouveaux marchés tente aujourd’hui de
soumettre à sa logique inique l’ensemble des services publics.
Pour adapter l’éducation aux nouveaux
besoins des capitalistes, dans un contexte de chômage et de précarité
grandissants, la souplesse appliquée à la production doit
aussi s’appliquer aux formations, rendues obsolètes de plus en plus
vite. Il suffit donc désormais au système éducatif
d’enseigner un minimum de base commun, quitte à ce que les entreprises
instaurent des formations continues selon les besoins du moment.
Mais la pilule est dure à avaler
pour tous ceux qui placent leurs espoirs dans la réussite scolaire.
C’est pour remplir ce vide et créer des exutoires au mécontentement
que l’on instaure des conseils de vie lycéenne, des lieux de parole…
cet enseignement de la citoyenneté, tend surtout soumettre les travailleurs
aux exigences de l’État et des patrons.
C’est donc aussi sur le terrain idéologique
que va se gagner ou se perdre cette bataille. Allègre joue sur le
conservatisme inhérent à beaucoup des oppositions syndicales
à ses projets, c’est pour cela qu’il faut se donner les moyens d’un
projet alternatif au libéralisme, vers une école autogérée.
Un potentiel existe, car sur le terrain,
malgré une relative inertie et une grande division des syndicats,
la situation se durcit. Les grèves sectorielles, les classes sauvages
à l’échelle d’un établissement ou d’un quartier se
multiplient, menées par les personnels en lien avec les familles
et souvent extrêmement déterminés.
C’est seulement par la fédération
de ces luttes, riches en revendications concrètes, que pourra être
arrêtée l’offensive libérale sur l’éducation.