Rentrée politique
L’action directe contre le jeu politicien
!
Préparée dans les universités
de fin d’été par tous les partis, la rentrée politique
s’annonce aussi creuse que ce qui préoccupe les élites dirigeantes,
à savoir comment et avec qui s’acoquiner pour être présentable
aux prochaines élections municipales qui elles-mêmes ne sont
qu’une mise en jambe en vue des présidentielles. Et tourne le manège
!
Si cette comédie excite le lanterneau
politicien à gauche de la droite comme à la droite de la
gauche nous ne pouvons que constater que les populations vaquent à
leurs soucis quotidiens et regardent d’un œil bovin et désabusé
les différents épisodes mis en scène à l’écran
cathodique.
Les Verts ou la stratégie de l’amuse-gueule
!
C’est ainsi que, cet été, les
Verts ont ferraillé un maximum pour être pris au sérieux
et prouvé que ça y est, ils ont effacé le P.C. Et
de menacer de rompre le pacte passé jadis avec le P.S. s’ils n’obtenaient
pas un deuxième ministre. Au vu de l’efficacité de Voynet
ça laisse songeur sur les possibilités de révolutionner
la société par l’intronisation ministérielle.
Que ce soit sur le vote à la proportionnelle,
le nucléaire, les sans papiers, l’aménagement du territoire,
la chasse ou les pollutions industrielles et agricoles, les Verts se heurtent
à la réalité des rapports de force et Jospin n’a aucune
raison de leur céder quoi que ce soit. Au bout du compte la fin
de la récréation a sonné et à l’issue d’une
réunion avec Hollande, patron du P.S., les Verts ont réaffirmé
leur allégeance à la gauche plurielle où finalement
la soupe doit sûrement être bonne !
Retenons le P.C. ou il fait un malheur !
Quand au P.C., il clopine comme il peut et
a du mal à digérer la claque des européennes dans
un contexte de préparation de son congrès de février
2 000. Il cherche lui aussi à prouver que son appartenance au gouvernement
Jospin est positive et vigilante. Pour preuve la fête de l’Huma new
look aura été l’occasion de rappeler les priorités
économiques et sociales du parti à propos des 35 heures,
du nucléaire, des retraites, de l’emploi et des licenciements, de
la ville, etc. Mais ces critiques ne sont, selon le vocabulaire en vigueur
du nouveau parti en gestation, qu’une « appréciation différente
» qui n’aura comme débouché qu’une pétition
nationale de plus. Autrement dit Jospin et Hollande peuvent dormir sur
leurs deux oreilles en attendant leur prochaine entrevue avec Hue.
Du côté du M.D.C. (mouvement
des citoyens) aucun mouvement digne d’intérêt n’est à
signaler si ce n’est les sporadiques états d’âme de Chevènement
dont la seule fonction politique est d’être là parce qu’une
pluralité à quatre c’est mieux qu’une pluralité à
trois.
Chacun aura compris qu’en cette rentrée
d’automne tout baigne dans l’huile et le fric au sein de la gauche plurielle.
Dans le petit jeu du « je te tiens et tu me tiens par la barbichette
» la social-démocratie version P.S. règne en maître
sur le plan institutionnel et est d’une efficacité redoutable. il
suffit d’observer avec quelle tranquillité la rentrée scolaire
s’est globalement effectuée pour mesurer la puissance des réseaux
socialistes alors qu’Allègre, ministre en titre de l’éducation
était, il y a quelques mois seulement, l’homme à abattre.
L’extrême gauche en sauveur suprême
!
Conscients de la contradiction des prétentions
de la gauche plurielle à porter les aspirations à une vie
meilleure et à la justice sociale, alors qu’en réalité
elle met en œuvre et appuie les mutations nécessaires à la
domination capitaliste, la gauche dite extrême essaie de se donner
une assise sociale en assurant qu’elle seule n’est pas dévoyée
et peut diriger le mouvement social dans les nécessaires et probables
affrontements à venir. Ils sont donc 100 % à gauche pour
la L.C.R. alors que la direction du P.C. est traître à la
classe ouvrière pour L.O.
Ils saisissent toutes les opportunités
pour faire parler d’eux et c’est le sens premier de l’accord LO-LCR des
européennes. Il s’agit d’une vulgaire stratégie de marketing
qui vise à les faire apparaître comme les authentiques et
uniques cadres organisationnels qui permettront un débouché
politique aux luttes sociales.
Ils cherchent à faire des coups
médiatiques pour entretenir et marteler qu’eux seuls sont révolutionnaires.
Le troisième anniversaire de l’expulsion de Saint-Bernard a fait
l’affaire, tout comme ils ont proposé leur services lors de l’incarcération
de José Bové. Leurs capacités de mobilisation est
faible mais l’essentiel est qu’on cause d’eux !
Soyons sûr qu’à l’automne
ils essaieront de faire des coups tant sur les 35 heures que sur les minima
sociaux par exemple, à moins qu’il soit plus opportun de mobiliser
au moment des négociations de l’OMC par le biais d’ATTAC où
sévit Aguitton, anciennement affecté à AC ! par la
LCR.
Étonnant tout de même les
traitements de faveurs dont ils bénéficient auprès
des médias. Mais après tout pourquoi les canaux médiatiques
officiels se méfieraient-ils plus que nécessaire de très
petits partis qui n’aspirent qu’à copier les grands y compris en
organisant des universités d’été?
A droite, circulez y a rien à
voir !
Il n’y a pas lieu dans cet article de s’attarder
trop longtemps sur ce qu’on appelle encore la droite faute de mieux. Il
est probable que leur implosion n’est pas encore terminée même
si les ténors du moment, Bayrou et Sarkosy s’essaient à poser
quelques jalons pour préparer une nouvelle image plus en phase avec
la société. C’est ainsi que les jeunes du RPR ont sifflé
utilement Boutin, avocate zélée des anti-avortements et anti-PACS,
tout comme Bayrou tient des propos visant à mordre sur l’électorat
du P.S.
Mais pour le moment le RPR comme l’UDF
semblent bien incapables de faire le poids face à la gauche plurielle,
même avec l’appui du MEDEF, parti patronal qui s’engage à
fond contre la deuxième loi sur les 35 heures en appelant à
manifester dans la rue ! Ce qui est une très bonne initiative pour
Aubry, qui pourra d’autant plus facilement rassembler toute la gauche syndicale
pour défendre son projet. Ils nous ont déjà fait le
coup avec la loi sur le PACS où nous étions poussés
à choisir le moins pire par réflexe anti-droite.
L’avenir est à l’action directe !
L’extrême droite semble avoir beaucoup
de mal à surmonter sa scission. Si pour le moment leur progression
électorale est stoppée il n’en reste pas moins que leurs
idées se diffusent toujours. Les grandes manifs et discours anti-FN
auront donc pour le moment moins de prises dans la société
et cela devrait permettre de mettre en avant le fait que le racisme et
le tout sécuritaire sont largement présents y compris dans
les politiques sociales du gouvernement.
En conclusion nous pouvons penser que
ce ne sont pas les laborieux travaux des universités d’été
des partis politiques qui leur permettrons de combler l’abîme qui
les sépare de la société réelle. Arc-boutés
sur leurs prérogatives et obsédés par leurs ambitions
électorales et les tactiques d’alliances que cela induit, ils seront
sans aucun doute surpris par les événements et les initiatives
sociales qui ne manqueront pas de marquer les mois à venir.
Car l’avenir est à l’audace des
José Bové inconnus mais nombreux qui à un moment donné
mettent en actes les critiques et projets dont ils sont porteurs. Aucune
organisation n’est vraiment à l’initiative des événements,
tout au plus utilisent-elles des situations créées par quelques
uns.
Il nous semble que de plus en plus le
concept d’action directe des exploités contre le capitalisme et
l’État est à l’honneur et pratiqué. Il arrive même
que les grands médias se sentent obligés de l’évoquer,
histoire peut-être d’exorciser leur peur de l’Anarchie !
Bernard. groupe Déjacque (Lyon)