Face à la politique anti-immigrés du gouvernement

Les sans-papiers  restent mobilisés


Cette année encore, les médias nous ont indiqué le lieu où Jospin avait passé ses vacances : c’est fou ce que l’on peut recevoir comme infos ! Nous aurions préféré mieux connaître les centres de rétention qui ont reçu si généreusement les sans-papiers pendant juillet et août (combien d’étoiles au guide Michelin ? Amabilité du personnel, qualité des repas, faut-il retenir longtemps à l’avance ?). Nous aurions aimé savoir si les sans-papiers, gentiment forcés par l’Europe à prendre un repos bien mérité après des années d’esclavage et de lutte, étaient satisfaits des compagnies aériennes qui les ont gracieusement reconduits dans des pays où, chacun le sait, règne la misère, les guerres, la torture et les exécutions sommaires, mais qui sont des territoires fianacièrement juteux « amis de la France ». Saluons au passage l’abnégation dont fait preuve la plupart des journalistes, qui nous parlent tous les jours de la mondialisation du marché du travail, et qui jamais ne se plaignent de la mondialisation du marché de l’info et des sujets imposés par leur patron.
 

Répression à tour de bras

Pendant l’été de nouvelles victimes sont tombées sous les balles de la politique franco-africaine. Un mort au centre de rétention d’Arenc. Deux adolescents guinéens retrouvés décédés dans le train d’aterrissage d’un avion. Des hommes se sont suicidés parce que leur demande de régularisation, piétinée par un avis d’expulsion, n’était ni plus ni moins que la chronique d’une mort annoncée. Il y a aussi tous ceux qui ont été reconduits dans le pays qu’ils fuyaient, et dont nous n’avons plus de nouvelles, à quelle commission d’enquête de l’O.N.U. doit-on s’adresser pour connaître leurs sorts ? Beaucoup trop déjà ont allongé la liste, commencée par leurs aînés, tirailleurs sénégalais ou algériens, morts pour « les intérêts de la France ».

Mais fi de la sensiblerie, le gouvernement maintient crânement les lois Pasqua-Debré-Chevènement et la Justice persévère  dans sa mission de criminalisation des luttes. Romain Binazon, membre de la coordination nationale des sans-papiers a été arrêté et condamné. Il s’était rendu à une convocation de la préfecture de police, accompagné de diverses personnalités. Malgré la délégation, Romain a été conduit directement à l’aéroport et a refusé d’embarquer. Trois mois de prison ferme et trois ans d’interdiction du territoire français pour ce sans-papier dont le plus grand tort, aux yeux du pouvoir, est sans doute d’être un militant actif de la cause des sans-papiers. Dans la catégorie « Délit de solidarité », Michel Beurier secrétaire de l’UD CGT du Puy-de-Dome fera appel le 15 septembre de sa condamnation à deux mois de prison avec sursis et 3000 F d’amende.


Dans le même temps, Jospin intime aux « différents ingrédients pluriels » participant à son gouvernement de ne parler que d’une seule voix, la sienne. Rappelons que les divers partis politiques qui prétendent militer pour la régularisation de tous les sans-papiers, ont encore le choix entre collaborer ou partir, le choix entre le chant des sirènes du pouvoir et les cris de révolte des sans-droits.
 

Crapulerie politicienne

Les préfectures affirment appliquer la loi ; Jospin parle de traitement humanitaire des dossiers traités hors délais alors que des sans-papiers togolais sont ou risquent d’être expulsés, des avocats dont Vergès (qui a défendu le dictateur Eyadéma) et M . Portejoie, portent plainte contre Amnesty International qui a rendu publique ses observations concernant le Togo. Le rapport incriminé rend compte, entre autres, des liens au minimum malsains, entre la France et un pays qui pratique la torture et les exécutions sommaires à bord d’avions français. Que Vergès soit présent dans cette affaire n’est pas étonnant, mais M. Portejoie n’est pas qu’avocat, il est élu socialiste de la mairie de Clermont-Ferrand, et tant que les politiques protègerons les dictateurs qu’ils soient togolais ou de n’importe quel pays, les préfectures auront toujours beau jeu de prétendre que ceux qui ont fui leur pays peuvent y retourner sans crainte… Mais ceci n’est qu’une illustration de la crapulerie dont sont capables les politiques. Et dans ce cas de figure, comme dans d’autres, la gauche n’a vraiment rien à envier à la droite.


Sur la questions des sans-papiers, nous avons toujours un Jospin raide ses positions pro-européennes (surtout quand il est question des accords de Schengen) et un Chevènement fidèle à la préférence nationale et bien décidé à bouter les sauvageons étrangers hors de France. Mais les sans-papiers et ceux qui les soutiennent restent aussi sur leurs positions.
 

Tous à Paris le 2 octobre

Il est hors de question pour eux d’accepter le statut de clandestins, de marchandise humaine, main-d’œuvre bon marché qui permettrait aux multinationales d’avoir ses esclaves sur place et d’imposer la baisse des salaires à tous les travailleurs. Pas question pour eux de se voir interdire de partager les richesses pillées en Afrique et accumulées en France. Pas question pour eux de baisser les bras, encore et encore la lutte continue. Dans la dignité et avec la force que donne la conviction d’avoir raison, ils se battent pour ne plus être des humains de deuxième catégorie. Grèves de la faim en juillet à Lille, à Toulouse. Trois cents sans-papiers investissent, en ce moment même la maison des Ensembles rue d’Aligre à Paris, d’autres occupent le local des Verts. Pour avoir, en compagnie de quelques membres du collectif clermontois, marché durant une étape aux côtés des marcheurs sans-papiers de Toulouse, j’ai pu constater que l’allure et la cadence avec lesquelles ils avancent témoignent d’une détermination inébranlable. Cette marche permet à tous ceux et celles qui se prononcent pour la régularisation de tous les sans-papiers (qu’ils soient militants ou non), d’affirmer publiquement leur soutien en marchant à leurs côtés. Le collectif de Clermont-Ferrand a décidé de faire en sorte que leur arrivée à Paris soit un événement national, et appelle tous les collectifs de sans-papiers ou de soutien à venir manifester leur engagement le 2 octobre lors de leurs arrivée à Massy. Au-delà de la performance sportive, c’est bien une marche pour la liberté qui est entreprise par les sans-papiers et c’est une gifle pour touc ceux qui escomptait les voir capituler.

Quant à nous, anarchistes, nous serons toujours là pour exiger le droit à la libre circulation pour tous et rappeler, comme l’a formulé Bakounine : la liberté des autres étant la mienne à l’infini.

Martine (Clermont-Ferrand)


La marche sera le 16 à Brion ; le 17 à Lucay-le-libre ; le 18 à Vierzon ; le 19 à Salbris ; le 20 à Lamotte-Beuvron ; le 21 à La Ferté Saint-Aubin ; le 22 à Orléans ; le 23 à Artenay, le 24 à Toury ; le 26 à Mereville…