Confédération paysanne

Solidaires contre la répression, actifs contre le capital

C’est donc le mardi 7 septembre que le syndicaliste paysan José Bové est sorti libre de la prison de Villeneuve-les-Maguelone après le paiement d’une caution de 105 000 F. Cette libération a donné lieu à de vifs débats dans les rangs de la Confédération paysanne puisque J. Bové avait déjà refusé le paiement de ce qu’il considérait comme une rançon fixée par la justice pour son activité syndicale. En fait, l’organisation agricole estimait ne plus être en mesure de gérer le caractère spectaculaire pris par l’affaire. 



Écartant l’offre très médiatique et intéressée du paiement de la somme par les patrons de Roquefort, la Confédération n’avait pas baissé les bras dans les actions de soutien à son militant : occupations, manifs, pétitions, collectes de fonds… continuaient dans de nombreuses villes. Et c’est bien le fruit des collectes et dons spontanés qui a servi à payer les 105 000 F, ce qui en dit long sur le soutien populaire à cette lutte paysanne.


Au-delà de cette libération, il convient de rappeler que la juge Nathalie Marty a mis en examen une autre personne (Jean-Paul Delaitte) à qui elle réclame 55 000 F de caution. Qu’Alain Soulié (Confédération paysanne) a été mis en examen et convoqué le lundi 13 septembre au tribunal, et que d’autres mandats d’amener risquent de pleuvoir contre d’autres participants à l’opération sur le chantier du Mc Do de Millau.
 

Les comités de soutien

Assez vite, la Confédération paysanne a mis en place des comités à travers la France pour amplifier le soutien à José Bové. Voulant écarter les organisations politiques pour n’y inviter que les organisations syndicales, associations de consommateurs et organisations environnementalistes (Nature et progrès…), les confédérés insistaient pour que les associations type ATTAC (militant pour l’instauration de la taxe Tobin) soient présentes. Objectif avoué : une fois la répression passée, ces comités, que la Confédération disait ne pas avoir les moyens de faire vivre, devaient s’orienter sur un travail d’information et de pression sur le gouvernement en vue des négociations sur l’OMC qui débuteront à Seattle en décembre.

Mais les orientations prises par les comités locaux qui vont devenir de simples instruments de lobbying auprès de Chirac et de Jospin peuvent-ils intéresser encore les anarchistes fédérés ? Nous sommes divisés sur la réponse. Bien sûr, notre but n’est pas de réformer l’OMC, mais d’abolir le capitalisme ; nous ne prenons pas les tenants de l’ordre étatique pour autre chose que des complices de la mondialisation économique et de ce qui en découle. Nous ne nous faisons donc aucune illusion sur la nature de leur mission au sommet de l’OMC et sur la place à occuper dans les comités qui risquent de s’enferrer dans des débats de fond mais sans fins et surtout sans présence sur le terrain.
 

Pourquoi faire ?

Dans le même temps, notre rôle dans ces structures, en fonction des situations locales (1), peut servir à préciser justement notre analyse sur la vraie nature du capitalisme et le rôle qu’y jouent les États et ceux qui les dirigent. Nous pouvons peut-être y faire part de notre réflexion sur l’ordre social et politique qui pourchasse les militants antinucléaires, les sans-papiers, qui criminalisent leurs soutiens, expulsent les chômeurs en lutte des ASSEDIC occupées, qui rançonnent les syndicalistes paysans antiproductivistes. Nous devons prioritairement y développer des pratiques d’actions directes solidaires avec tous les inculpés de l’affaire de Millau, contre l’OMC et les OGM, et ceci avec les personnes qui ont envie de passer à l’offensive sur le terrain des luttes sociales, non politiciennes. Ce qui rebuterait bien des associations, antichambres d’une gauche tranquille, qui restent généralement bien au chaud pour combattre l’injustice d’un capitalisme insuffisamment taxé. Et qui écarteraient les Verts qui ont pour méthode de luttes d’interpeller leurs « camarades » députés afin de jouer le chaud et le froid avec Jospin pour finalement rester à ses côtés quoiqu’il arrive. Qui se plaindrait de tout cela, puisque l’on gagnerait en dynamique radicale ?

Daniel. ­ groupe du Gard

(1) Dans le Gard, la Confédération paysanne n’accepte pas les organisations politiques, F.A. comprise.