La colo libertaire, c’est celle que je préfère !

Le désir d’une vie collective, dénuée de rapports autoritaires ou marchands, nous a poussés à organiser, cette année encore, une colo anarchiste. Anarchiste parce que nul ne subit mais chacun participe pleinement à toutes les tâches, à toutes les décisions. Chacun peut exprimer ses envies ou ses problèmes au cours d’une assemblée générale quotidienne qui réunit petits et grands, pour faire le point sur la journée écoulée, se retrouver, faire des projets. Cette A.G. est le lieu où s’élabore la vie collective.


Par le biais des « pré-AG » (préparation par groupes d’enfants) chacun sera, à son tour mandaté par ses copains pour les représenter au moment de l’AG. Le but est de responsabiliser l’enfant, de l’autonomiser, de lui donner confiance en lui, en prenant la parole devant une assemblée. Financièrement, chacun paie selon ses moyens et les frais de déplacement sont répartis collectivement.

En Ardèche, du 17 au 24 juillet, nous étions donc 23 installés dans le même gite qu’il y a un an, sur la demande des enfants. Ils étaient 15 cette année, accompagnés ou non de leurs parents. Terrain connu donc, dans un décor familier. Plaisir de poursuivre les jeux, de trouver immédiatement des repères, d’approfondir les relations ébauchées l’an passé. Pour encadrer le groupe de 3 à 13 ans : 8 adultes. De l’avis de tous, le bilan est positif. Nous avons évité l’écueil du temps de rodage noté l’année dernière puisque nous occupions les mêmes lieux, avec 11 participants communs à ces deux colos. Cette fois, nous avons choisi de parler chaque soir des enfants, échangeant la pluralité de nos regards. 


Nous avons constaté une évolution, bien sûr, dans leurs (nos) attitudes. Mais écouter, prendre la parole, argumenter, ça reste toujours difficile pour certains qui disent s’ennuyer aux AG… ou n’avoir rien à dire. Un débat interne est encore à prévoir pour rendre ces AG plus attrayantes.


Les activités ont été définies par les enfants et préparées dès le dimanche : visite d’un château en ruine, pic-nic, baignade, escalade, poneys. L’une des difficultés qui se profilaient lors de la préparation de la colo, en mai 1999, était la mixité car les relations étaient tendues entre garçons et filles. Les jeux collectifs ont permis l’échange entre les individus, sans que le sexe ou l’âge n’interfère. On a constaté l’inexistence de clans, une attitude confiante des participants, sans conflit larvé.


Bref, on pourrait prendre l’habitude d’une colo presque « reposante » et de l’autosatisfaction, mais il nous parait essentiel de renouveler les rencontres et d’ouvrir la colo. Peut-être y aura-t-il beaucoup d’autres lieux de colo libertaires l’été prochain si l’expérience (momentanée) de la vie collective tente d’autres aventuriers.

Jérome. ­ groupe Lucia Saornil (Villeurbanne)