5 millions de consommateurs …

Et la justice s’acharne contre le CIRC

Mars 1997, une agitation frénétique a envahi le Rail Théâtre. Des dizaines de circomaniaks courent dans tous les sens pour finir de préparer leur grande fête annuelle qui, cette année, est prévue sur deux jours.
Mais voilà, le préfet et ses sbires en ont décidé autrement et à moins de quatre heures de l’ouverture des portes, la brigade des stupéfiants fait son entrée, saute directement sur la présidente du Circ qui, pour le malheur de la justice (mais ça ils le découvriront plus tard), est en train de donner des forces à ses troupes sous la forme de graines de chanvre alimentaire, dénommées Félina (Et oui, c’est plein de bonnes choses ces petites graines là).
S’ensuit une saisie du stock du Circ (tee-shirts, livres, journaux, tracts, compilations,…) et bien entendu des graines, qui sont le clou de cette prise du siècle ! S’ensuivent également des ennuis pour Jean Pierre Galland, président de la fédération des Circ, qui, pour son malheur, est tenu pour responsable des stocks.
Et pour terminer ce premier épisode, une promesse de procès pour « incitation à la consommation de stupéfiants » est faite à nos deux protagonistes, n’oublions pas non plus la terrible (-ment stupide) accusation de « rétention de stupéfiants » dont est accusée la présidente du Circ Lyon pour les graines de chanvre qu’elle distribuait.
Commence alors une très longue enquête, plus d’un an, puis une interminable attente, encore plus d’un an, avant que nos deux amis du chanvre ne soient enfin convoqués devant les tribunaux le 6 septembre dernier.
Sous l’œil attentif d’une dizaine de CRS (sans compter les cars entiers qui sont postés devant le tribunal, mais est-ce vraiment pour nous ?) et après avoir passé un portail détecteur de métaux (seule salle d’audience dont on en a pourvu), les (extrêmement dangereux) Circomaniaks et leurs amis peuvent enfin assister à ce procès tant attendu.
Après s’en être pris violemment au président de la fédération des Circ, qualifiant son combat d’arrière garde, la procureur n’hésite pas à employer les arguments les plus éculés avant de requérir une peine de 200 jours amende à 500 francs (100 000 FF, transformables en peine de prison si la somme n’est pas réglée, cela dans l’hypothèse d’une condamnation) contre Jean-Pierre Galland tandis qu’est laissée à l’appréciation de la juge, l’amende de la présidente du Circ Lyon.
Parlant de "bouc émissaire", l’avocat du CIRC clame pour sa part : "Ubu roi n’est pas mort. Il est présent dans cette salle d’audience et depuis la mise en examen de mes clients."
Sortant de ses manches la facture des graines de chanvre, achetées légalement à une entreprise française, il s’interroge (d’autres auraient dit : se moque) : Est-ce une nouvelle pratique que de vendre des stupéfiants avec facture ?
Agitant les CD ornés de feuille de chanvre qu’il a acheté le matin même à la FNAC, il demande : Pourquoi la compilation musicale éditée par le Circ est un délit alors que ceux-ci ne le sont pas ?
Pour résumer ce procès, disons tout simplement que si le ridicule tuait, cet après midi du 6 septembre 1999 aurait été un massacre.
Quelle décision prendra le tribunal, suite à la grandiloquente plaidoirie de maître Gabriel Versini, l’avocat du Circ ? Rendez-vous le lundi 27 septembre à 14 h pour le délibéré.

L’équipe du Circ Lyon


Dernière minute : Les fonctionnaires du Trésor Public ont procédé à la saisie du compte bancaire de Jean-Pierre Galland qui, pour des faits similaires, doit encore à ce jour 60 000 F à l’État.