BESANÇON
Intimidation des proviseurs et des flics
Force est de constater que, pour le moment,
les lycéens bisontins ne se sont pas autant mobilisés que
durant la dernière grève d’octobre 1998. Plusieurs rumeurs
concernant une éventuelle reprise de la grève couraient dans
les lycées bisontins depuis les premières actions significatives
des lycéens d’Avignon, de Toulouse etc. En conséquence de
quoi, une première manifestation spontanée fut effectuée
le mardi 28 septembre, rassemblant environ 500 personnes. Quoi d’étonnant
à cela ? A Besançon comme partout ailleurs, quasiment rien
n’a changé depuis l’année dernière.
Mis à part les petites étincelles
du mardi, et une autre manifestation de 600 élèves lors de
la journée d’action nationale du jeudi 30 septembre, les autres
jours de la semaine les lycéens sont tranquillement restés
en cours. D’ailleurs, Ia rectrice de Besançon ne s’y est pas trompée
: à l’issue de la seule entrevue qu’elle a accordée aux lycéens,
elle leur a seulement promis d’essayer de mettre aux normes minimales de
sécurité les alarmes à incendie des établissements
de la région !
Pourquoi cette apathie ?
Tout d’abord, un grand nombre de lycéens,
qui s’étaient battus l’année dernière avec acharnement,
ont été dégoûtés par le manque de résultats
de leurs luttes et hésitent à recommencer cette année.
Mais l’intimidation envers les rares lycéens récalcitrants
aux exhortations mielleuses du mammouth faux-cul Allègre joue aussi
énormément. Les flics sont omniprésents à chaque
début d’agitation et n’hésitent pas à bloquer par
groupe de dix les entrées des établissements susceptibles
de se bouger un peu. De, plus, l’administration éducativo-matonne
empêche ostensiblement les lycéens de sortir quand une manifestation
passe à côté de leurs bahuts.
Les proviseurs des principaux lycées
ont même concocté ensemble une lettre abjecte qu’ils ont envoyée
à tous les parents d’élèves. Dans cette aimable bafouille,
il est écrit entre autres que les principales motivations des grévistes
sont de « ne pas aller en cours » ou de « donner libre
cours à leur violence ». Les plus jeunes profiteraient ainsi
des grèves pour « se livrer à l’initiation de pratiques
illicites et dangereuses » ; il est donc fortement conseillé
aux parents de « contrôler l’occupation des journées
» de leurs rejetons.
Malheureusement, cette lettre ne précise
pas vraiment la forme de la répression subie par d’inconscients
lycéens grévistes : seront-ils fusillés sur place,
envoyés au bagne ou simplement obligés de serrer la main
à Allègre ?
Toujours est-il que si les lycéens
n’arrivent pas à s’organiser par le biais d’assemblées générales
souveraines, de délégués élus, mandatés
et révocables à tout moment, et surtout s’ils n’arrivent
pas à se convaincre qu’ils mènent une lutte éminemment
politique, ils risquent de se faire « récupérer »
par les politicards syndicaux habituels (FIDL, UNEF-ID), comme cela semble
déjà être le cas.
Thierry Groupe Proudhon (Besançon)