L’amour en chaussettes

Gudule

Qu’est-ce qui intéresse le plus les ados ? L’amour, bien sûr. Et les quelques histoires d’amour pour les ados et pré-ados ont toutes, en littérature, un dénominateur commun : l’histoire s’arrête au moment où elle devient intéressante… L’héroïne a rencontré le héros et l’embrasse furtivement sur les lèvres… Oui, mais après ? Après, rien (bonjour l’hypocrisie !) ; c’est la fin du livre. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne génère qu’un sentiment de frustration (légitime)… Ce que les ados ont le plus envie de savoir et de lire, justement, c’est ce qui se passe après ! Les plus curieux et curieuses iront donc chercher ailleurs, dans des livres « de vieux », souvent sans y trouver leur compte, (et je ne parle même pas des bouquins érotiques ou pornographiques qui offrent aux ados une image pour le moins décalée ? c’est un euphémisme ! ? de la sexualité).
 

C’est dans ce contexte que les éditions Thierry Magnier (un éditeur moins frileux que les autres !) publient « L’amour en chaussettes », écrit par Gudule, avec son humour et sa verve incomparable. Voilà, enfin, le livre que bien les ados attendaient : une vraie histoire d’amour qui s’achève dans un lit, dans la tendresse et les petits bredouillements de la « première fois ».
 

Pourtant, cet amour en chaussettes s’ouvre sur une aventure assez banale ; Delphine tombe éperdument amoureuse de son prof de dessin, et tous ses fantasmes d’amour torride, c’est avec lui qu’elle rêve de les vivre, évidemment, et non pas avec Arthur, le copain de classe bégayant. Manque de bol pour elle, le prof en question ne couche pas avec ses élèves et le lui dit avec toute la fermeté nécessaire, et en plus il est gay. Bref, la vie est bien compliquée… Delphine, désolée, finit par retrouver Arthur, tout aussi désolé. Mais ils ne tardent pas à se consoler comme il faut, dans un lit, et le livre ne s’arrête pas au premier baiser échangé. Rien n’est oublié, pas même les petits ratés de cette première relation sexuelle où personne ne sait bien comment s’y prendre (et pourtant, ça n’est pas l’envie qui manque !), et que la présence indispensable du préservatif complique encore un peu plus… Mais la tendresse, finalement, arrange les choses. Et la morale de l’histoire pourrait se résumer ainsi : l’amour, c’est super, il n’y a pas de quoi en avoir peur, et puis ça s’apprend à deux (et ça guérit même Arthur de son bégaiement !).


Voilà donc le livre que nous aurions sûrement aimé lire quand nous étions adolescents. Et si c’est un peu tard pour nous, beaucoup de jeunes vont pouvoir jeter leur dévolu sur ce petit bouquin sympa. Faire l’amour, c’est mieux que faire la guerre… ça n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est qu’on le dit et l’écrit en toutes lettres à l’attention des plus jeunes.

Cathy Ytak


L’amour en chaussettes. Gudule. Éditions Thierry Magnier. 43 F. En vente à la librairie du Monde libertaire (48 F avec port, chèque à l’ordre de Publico).